Il n’y a pas d’excuses pour un régime qui tire sur des manifestantset emprisonne les opposants. Mais décidément « l’humanitaire » a bon dos.
C’est en son nom que toutes les expéditions coloniales furent menées. C’est en son nom que les puissances occidentales sont intervenues par les armes au Kosovo, en Afghanistan, en Irak et aujourd’hui en Libye.
Il n’y a pas de bombes propres, pas de frappes aériennes « chirurgicales » susceptibles d’épargner les populations civiles. Et le droit d’« ingérence humanitaire » est un principe à géométrie variable dans son application : hier il justifiait le blocus économique de Cuba et épargnait Pinochet ; aujourd’hui il prétend protéger la population libyenne et laisse massacrer les palestiniens.
Si humanitaire rime avec canonnière c’est qu’il sert de « cache-sexe » à la politique du grand capital. Celle-ci n’a rien à voir avec la morale : elle sert ses intérêts de classe.
Dans l’espace méditerranéen et au Moyen-Orient les intérêts capitalistes tiennent à la maîtrise de l’exploitation et de l’acheminement du pétrole et pour cela à la sécurité d’Israël.
Les révoltes qui ont lieu dans les pays arabes et notamment en Libye sont à ce sujet inquiétantes pour les grandes puissances. Elles pourraient déboucher sur des avancées démocratiques susceptibles de remettre en cause les intérêts capitalistes.
Pour éviter le pire, pour sauvegarder l’essentiel il faut renoncer aux régimes dictatoriaux que l’on a mis en place ou toléré jusqu’alors. Condamner les seigneurs locaux pour sauver les « saigneurs du monde », instaurer des démocraties à l’occidentale où le droit des capitaux priment sur le droit des peuples résout tous les problèmes.
Et qu’importe si la guerre a un coût humain et financier !
Voilà pour le fond. Quant à la manière, le recours aux armes en Libye est d’autant plus révoltant qu’aucune tentative de négociation politique n’a été envisagée et qu’aucun des peuples appartenant aux puissances belligérantes n’a été consulté.