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Contribution collective pour la convention du 16 novembre "Refonder l’ Europe", signée par Caroline Andréani, Paul Barbazange, Floriane Benoit, Robert Brun, Marie-Christine Burricand, Jean-Pierre Djurkic, Guy Jacquin, Jean-Jacques Karman, Jean-Pierre Meyer, Pierre-Alain Millet, Pascale Noizet, Gilles Questiaux, Jean-Louis Rolland, Eric Ruiz, Laurent Santoire, Rémy Thibaud, Fabrice Sélingant, Serge Truscello...
C’est la question que nous nous posons après avoir lu attentivement le texte "Refonder l’Europe" porté à la connaissance des communistes pour l’élaboration d’un nouveau projet européen, texte qui servira de cadre à la campagne des européennes de 2014.
Tout d’abord, nous contestons fortement le cadre fixé pour ce débat par la direction nationale. Alors qu’ils sont déjà fortement investis dans la campagne des municipales, les communistes auront eu à peine un mois pour prendre connaissance et discuter du document. Le nombre de délégués prévus ( 2 par fédération) n’autorise à cette convention (non prévue dans les statuts) aucune représentativité des communistes.
Pierre Laurent, au Conseil National de septembre, avait promis un débat sans tabou. Il est dommage que cette affirmation soit démentie par ce texte qui ferme au moins deux questions essentielles : la reprise de notre souveraineté nationale et populaire ainsi que la sortie de l’euro.
Le capitalisme est à un nouveau stade et a besoin de la destruction des Etats-Nations pour réorganiser les marchés. Confronté au rejet de l’Union européenne et au dépeçage de la nation que constitue l’Acte 3 de décentralisation, le texte "Refonder l’Europe "réaffirme notre opposition au fédéralisme centralisateur et à la politique actuelle de l’Union européenne. C’est la moindre des choses.
Mais, faute de regard critique sur les choix stratégiques du PCF concernant l’UE depuis l’adhésion au PGE, il s’enfonce dans le projet d’un cadre supranational à l’échelle européenne et confirme le renoncement à la Nation comme cadre de la souveraineté nationale et populaire alors que c’est le cadre plus favorable au combat de classe.
Quant à l’euro, le pire est toujours promis aux nations qui décideraient d’en sortir, au mépris des analyses de nombreux économistes communistes et progressistes et surtout de l’évènement politique que constituerait une telle décision, bouleversant les rapports de forces, ouvrant une période historique de transformation pouvant être favorable au peuple, au monde du travail, si les forces progressistes s’en emparent.
Enfin, ce texte confirme l’intégration du PCF dans la gauche réformiste européenne et la rupture historique avec le plus grand nombre des partis communistes européens qui se traduit notamment par l’alignement sur Syriza, dont le principal dirigeant fait acte d’allégeance auprès de la finance internationale.
Mènerons nous aux élections européennes une campagne du PCF ou la campagne du PGE ?
L’Union européenne, l’euro et même le FMI sont présentés comme des institutions et outils qui auraient seulement mal tourné et devraient être réformés alors qu’ils sont depuis leur conception les armes du capital contre les peuples, les armes de la mondialisation capitaliste. Il ne faut ni les transformer, ni les refonder, mais les faire reculer pour ouvrir enfin la possibilité de coopérations mutuellement avantageuses, de coopérations tournées vers le socialisme, en Europe comme avec le reste du monde. L’Amérique Latine ouvre le mécanisme de coopération monétaire de l’ALBA à tous les pays, la chine propose de quitter le système dollar en créant une monnaie mondiale de coopération, voilà des alternatives concrètes à mettre en discussion. D’autant que les Brics créent un nouveau rapport de force dans le monde.
Nous contestons donc l’efficacité du texte "Refonder l’Europe" pour nous faire comprendre de la majorité de peuple aujourd’hui en France, empêcher le Front National de progresser aux élections européennes, ouvrir une issue face à la situation très grave subie par notre peuple.
Nous réaffirmons ce que nous écrivions dans notre texte de congrès "Unir les communistes" :
" L’acharnement du capital au travers de l’Union Européenne contre la souveraineté nationale montre bien que le cadre national reste le plus favorable à l’expression des peuples et au rassemblement.
Le refus de mettre en débat notre position concernant l’Union Européenne et l’euro nous coupe un peu plus des catégories populaires qui identifient l’institution et la monnaie comme directement responsable de la situation de notre pays.
La formule magique de la soi-disant "Europe sociale" a fait son temps, d’autant qu’elle est indifféremment utilisée par la droite et la gauche. Même Laurence Parisot déclare dans un point de presse de juin 2012 : « Nous disons aussi qu’il nous faut une Europe sociale, qu’il ne peut pas y avoir de grande avancée économique, qu’il ne peut pas y avoir de discipline budgétaire s’il n’y a pas en même temps une pensée audacieuse sur la question sociale. Et nous, Medef, nous sommes prêts à aller sur cette voie ».
L’U.E. montre de plus en plus son vrai visage, celui d’un système dictatorial. Nous pensons qu’il faut faire grandir le rassemblement du refus des traités et directives européennes jusqu’à l’exigence de faire éclater ce cadre institutionnel et monétaire. Il a fallu aux peuples d’Amérique du Sud mettre à bas l’accord de libre échange (ALCA) que voulaient imposer les USA pour pouvoir inventer un accord de coopération non marchand (ALBA) basé non sur une monnaie mais sur un outil de compensation entre monnaies nationales.
Une telle bataille du PCF constituerait un événement qui le rendrait identifiable par les catégories populaires, qui, à chaque étape, à chaque consultation, ont exprimé majoritairement leur rejet de cette construction européenne.
Une situation nouvelle serait ainsi créée en France et en Europe, une situation porteuse de ruptures et de bouleversements au profit des peuples, permettant de construire des nouvelles coopérations mutuellement avantageuses entre nations souveraines."
Enfin, nous portons à connaissance dans la discussion l’appel lancé à Géménos à l’occasion des Assises du communisme .
Sortir de la dictature du capitalisme
L’Union Européenne : une construction impérialiste faite par et pour le capital
Notre peuple connaît les dégâts causés par l’Union Européenne : à plus de 60%, il exprime un rejet profond, un sentiment de défiance et de colère à l’égard de cette « Europe » et de son Euro, confirmant le vote populaire contre le traité constitutionnel de 2005.
Depuis plus d’un demi-siècle, l’UE supranationale est une machine de guerre contre les salaires et les droits des salariés ; elle aggrave la course au profit capitaliste et à l’exploitation par la suppression des barrières douanières en faveur du libre marché, la destruction des services publics, dans le contexte mondial de la multiplication des guerres, de la destruction d’Etats souverains, de nouvelles courses aux armements technologiques, des dominations transnationales sur les enjeux vitaux de la santé, de l’alimentation, de l’environnement, qui marquent la vie des travailleurs sur toute la planète.
L’Euro est son arme pour imposer que la seule variable d’ajustement soit le coût du travail, infliger l’austérité et la déréglementation sociale (salaires, retraites, droits sociaux..). On ne peut agir contre l’austérité et rester dans l’Euro. Il faut donc en sortir, mais par la porte de gauche, refusant tout repli nationaliste, toute aggravation de la guerre de tous contre tous, en inventant de nouvelles coopérations entre les peuples, débarrassées de la domination des marchés, des multinationales.
Cette U.E. « prison des peuples » n’est pas réformable.
Un grand débat populaire est nécessaire pour ouvrir une alternative progressiste
Sortir unilatéralement de l’UE, dénoncer tous les traités européens imposés contre le peuple.
Sortir de l’Euro, monnaie unique, carcan pour des économies nationales diversifiées.
Refuser la recentralisation des métropoles et super-régions, qui s’attaquent au socle démocratique des communes et des départements dans la république, au profit d’une Europe fédérale des länder, éloignant les citoyens de la démocratie locale.
Refuser tout accord commercial transatlantique, qui approfondit la casse de l’Etat-Nation sous la loi des marchés, qui remet en cause même la démocratie, en décidant sans consulter les parlements nationaux, et même contre l’avis des peuples.
Nous affirmons l’urgence d’un processus de réappropriation de la souveraineté nationale
L’histoire nous confirme que la Nation est le cadre permettant la souveraineté pour le peuple :
La nation française doit retrouver son indépendance monétaire, fiscale, douanière pour reconquérir la maîtrise de ses richesses par l’appropriation collective des grands moyens de production et d’échange dans des formes diversifiées.
Elle doit établir de nouveaux rapports de coopérations et d’échanges, dans la libre administration des hommes sur leurs ressources et le respect absolu de la non-ingérence.
Elle doit sortir de l’Otan et de l’Alliance atlantique. Nous refusons d’être un des « bras-armés » des États-Unis pour le nouveau (re)-partage du monde.
Il y a urgence à ouvrir une réponse populaire au nationalisme, à la fascisation
Marine Le Pen joue de sa place médiatique pour faire croire à une extrême-droite démocratique et sociale. Mais elle est la face polie d’un courant politique de fascisation qui marque tous les pays européens, des identitaires en France, jusqu’aux Nazis de l’Aube Dorée en Grèce. L’extrême droite a toujours été l’arme du capitalisme pour poursuivre la guerre économique derrière l’affrontement des nationalismes. Les travailleurs ont tout à y perdre, alors que l’urgence est de renforcer leurs luttes, au plan national comme international, contre la mondialisation capitaliste. Elle propose une fausse sortie de l’UE par la porte de droite, celle des régressions sociales, des violences, de la concurrence !
L’enjeu des convergences des luttes pour le travail, seul créateur de valeur
C’est la classe ouvrière, les salariés des entreprises en lutte qui ont relancé l’enjeu des nationalisations et de l’appropriation sociale comme condition du développement industriel et de la recherche, de la relocalisation des productions, du maintien des droits sociaux.
C’est dans des luttes longues et dures (Fralib, Sanofi, Psa, Goodyear, Florange, Pilpa, Veninov, Kem One, Gardanne, Ford, M’Real, Doux, Fraisnor, Renault…) que les salariés cherchent des leviers d’interventions à leur portée, et font émerger leurs objectifs politiques, non seulement pour leurs salaires et leurs besoins vitaux, mais pour affirmer le rôle essentiel du travail pour faire reculer la capacité du capital à spéculer et diriger la société.
L’Union Européenne de la concurrence « libre et non faussée », est renforcée par Hollande, l’UMP et tous les forces politiques gouvernementales (de gauche, de droite et écologistes), comme en Grèce, au Portugal, en Espagne ou en Italie. Elle est un obstacle au progrès social.
La CES, le PGE, les directions des confédérations syndicales Françaises, du PCF, les partis socialistes d’Europe prétendent qu’une « autre Europe », « sociale » est possible dans le cadre des lois du marché. Mais le capitalisme n’a plus de « grain à moudre » pour des compromis sociaux. Tous oublient que les aménagements à sa marge sont impossibles. L’accompagnement de sa crise ne corrige plus ses excès, et ne peut encore moins engager un début de rupture pour une autre société.
Leurs contre-réformes (retraites, droit du travail...) de Juppé à Hollande, obéissent aux mêmes objectifs préconisés par l’U.E. et appellent à une confrontation sociale « tous ensemble » urgente.
Face à la réalité de la nocivité de cette Europe supranationale, nous sommes sans illusion. Communistes, nous analysons le caractère mondialisé du capitalisme, sa course vers le marché mondial, sa concurrence permanente qui utilise les Etats et leur ancrage dans le cadre national pour une guerre de classe qui le rend incapable de répondre aux exigences légitimes des peuples.
Arrêtons les dégâts ! Brisons le carcan de l’Union Européenne, de la mondialisation capitaliste En France, cassons un premier maillon de la chaîne !
Syndicalistes, militants politiques, organisés ou non, mais convaincus de la nécessité d’une sortie de l’UE pour pouvoir s’engager dans une politique nationalement souveraine en faveur des travailleurs et du peuple, nous avons décidé de nous exprimer collectivement en direction des salariés afin de mener avec eux un vaste débat. Nous vous appelons à soutenir l’Appel des Assises du communisme.
Dénonciation des traités européens de Rome, Maastricht et Lisbonne,
Retour à la monnaie nationale, renationalisation de la Banque de France permettant d’assurer l’indépendance monétaire, économique et douanière,
Sortie de l’OTAN et de l’Alliance Atlantique,
Arrêt des aventures militaires françaises en Afrique et au Moyen-Orient