Elections et perspectives politiques. Nous avons commencé le débat fin Novembre au cours de nos réunions.
Il est loin d’être clos. A vous de réagir.
Pour mieux egarer les travailleurs :
Présidentielles à la une
La déception est grande chez les travailleurs, pourtant soutenus par une majorité de Français, de voir que le gouvernement est resté sourd à leurs revendications portées par les luttes massives de la dernière période. Un grand nombre d’entre eux éprouvent un désir de revanche. Le MEDEF et ses commis au gouvernement redoutent une reprise des luttes que pourrait engendrer la poursuite amplifiée de leur politique antisociale nécessaire à l’accroissement des profits des actionnaires de l’industrie et des banques.
En conséquence, ils s’efforcent de dévoyer le mécontentement populaire en lui faisant prendre le chemin des urnes. Voilà pourquoi la campagne pour les élections présidentielles de 2012 est déjà lancée.
Aujourd’hui les capitalistes n’ont rien à craindre des élections
Ils savent que le système électoral injuste conjugué à l’alternative droite-PS qu’ils ont réussi à mettre en oeuvre à coups de médias les placent à l’abri du verdict populaire. Quand 90% des députés approuvent le projet de constitution européenne alors qu’une majorité de citoyens s’est prononcée contre, la preuve est faite que notre démocratie actuelle n’est représentative que des intérêts du capital. Dès lors, s’il n’est pas étonnant de voir grandir le nombre des abstentionnistes, l’antiparlementarisme, le « tous pourris » qui l’accompagne est à redouter. Celui-ci risque en effet de servir les desseins du « Front National » dont notre peuple a tout à redouter contrairement aux grands actionnaires.
Les luttes ont cependant éclairé les consciences
L’approfondissement de la crise et les luttes qui en ont découlé ont éclairé bon nombre de Français. Il est apparu plus nettement à ceux-ci qu’il ne s’agissait pas d’un phénomène conjoncturel mais de la crise du système capitaliste. Cette perception nouvelle n’a pas manqué de faire surgir des interrogations sur l’existence d’une frontière entre les partis de droite et le PS. Ces organisations se sont en effet bornées à condamner les excès du « néolibéralisme » afin d’épargner le système capitaliste. L’entrée de certains dirigeants du PS dans le gouvernement Fillon, la nomination de D.Strauss-Kahn à la tête du FMI grâce à Sarkozy, l’attitude pour le moins ambiguë de la direction du PS à propos de la réforme des retraites n’ont pas manqué de nourrir ces interrogations. Cette évidente dérive droitière de l’Etat-major du PS devrait normalement disqualifier celui-ci aux yeux des électeurs de gauche. Il est pourtant à craindre qu’il n’en soit rien. L’intervention sélective des médias, le système électoral en place qui valorise l’UMP et le PS, la caution de gauche que continue d’apporter le PCF à ce dernier avec sa stratégie d’union risquent fort de remettre le PS en selle. L’illusion qui dispense de lutter n’est-elle pas plus tentante que la vérité qui contraint à l’effort ?
Une seule issue : les luttes
La crise sévit sur tous les fronts. Elle est à la fois économique, sociale, politique et idéologique. Elle nous impose de mener les batailles dans tous ces domaines pour obtenir des changements réels et durables. Mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir nous conduit du même coup à déplorer l’affaiblissement du PCF qui historiquement a toujours été le principal moteur des avancées sociales et démocratiques en France. Mais cet affaiblissement nuisible aux intérêts du peuple et de la Nation n’est pas dû qu’à des causes extérieures. Le PCF en est largement responsable pour avoir renoncé à ses fondamentaux en matière de projet, de stratégie et d’organisation.
Ainsi, se déclarer anticapitaliste, inviter à lutter contre les méfaits du système en place ne suffit pas. Il faut pour dynamiser les luttes montrer qu’un autre système de société est nécessaire et possible : le socialisme autogestionnaire. Un programme de gouvernement à court terme ne peut être de progrès et susciter le soutien populaire qu’en proposant des avancées sociales et démocratiques allant dans le sens du but futur qu’on a proposé ! La stratégie permettant de progresser sur cette voie ne passe pas par la recherche d’entente entre états-majors politiques mais procède au contraire de la volonté de travailler à unir la majorité des Français sur des objectifs de progrès. Et comment pourrait-on envisager de gagner les consciences si on se dispensait d’un militantisme de proximité ?
Résister aux mauvais coups du grand capital, arracher par la lutte des conquêtes sociales et démocratiques, populariser l’idée que l’alternative au capitalisme c’est le socialisme autogestionnaire voulu par le peuple, pour le peuple et contrôlé par celui-ci, voilà le travail qu’il nous faut entreprendre pour sortir de la crise. Se donner les moyens de la réussite c’est dans le même temps entreprendre de redonner vie à un PCF ayant retrouvé le chemin de la lutte de classes. Au regard de l’urgence, de l’importance et de l’étendue de cette tâche les élections de 2012 ne sont que péripéties.
Michel Barrière