Il faut cesser de considérer le PS comme un parti de gauche !
J'ai lu sur le blog des élus PCF de Rouen une surprenante intervention de Matthieu Charlionnet, élu communiste au conseil municipal de Rouen, à propos du statut de métropole imposé par le gouvernement qui obéit aux recommandations de Bruxelles à la France. Surprenante car après avoir lu la dite déclaration on se prend à s'interroger sur le ralliement des communistes à la liste socialiste. Car cette liste comprend tout de même un membre du gouvernement et des responsables socialistes qui défendent ardemment cette réforme anti-démocratique dénoncée par les communistes rouennais. Elle fut voulue par l'UE et les deux grands partis qui la soutiennent : le PS et l'UMP.
Cela fait plus de 30 ans maintenant que le PS a appelé à voter pour le traité de Maastricht qui accéléra l'intégration européenne, la casse sociale, la circulation des capitaux, et institua une monnaie commune : l'euro, qui nous fait tant de mal. C'était l'honneur du PCF que d'avoir appelé à voter "Non" à ce traité. Il aurait fallu en tirer les conséquences : On ne peut espérer voir une politique de gauche être mise en oeuvre par le PS qui a choisi d'aménager, très légèrement, et de servir, beaucoup, le capitalisme européen mondialisé.
Matthieu Charlionnet condamne le fait que la "métropole de Rouen va nous être imposée par décret" et dénonce une "méthode foncièrement antidémocratique". Peu d'électeurs sont d'ailleurs au courant et beaucoup vont découvrir qu'ils élisent, au suffrage universel, les élus communautaires. Ce qui, de fait, donne des pouvoirs renforcés à la métropole. Et pour ceux qui voudraient s'abstenir pour marquer leur opposition à ce déni de démocratie, impossible : le vote est couplé à celui des municipales, les noms des candidats à la métropole étant sur la même liste que le bulletin de vote des municipales. Un vote forcé en quelque sorte. Pourquoi cette précipitation ? Matthieu Charlionnet accuse " le dogme libéral de la dépense publique" auquel souscrit le gouvernement socialiste qui veut appliquer à marche forcée l'Acte III de la décentralisation et diminuer les services rendus par les collectivités locales sous prétexte de rationalisation des services publics. Il décrit les effets pervers du processus de métropolisation : diminution du nombre des agents territoriaux en échange d'une dotation plus élevée, trop volumineux appels d'offres pour les artisans et petites entreprises, centralisation forcée autour des métropoles ... Jusque là, tout va bien ...
Mais, ensuite, M. Charlionnet fait appel à Yvon Robert, tête de la liste socialiste qu'il a ralliée récemment, pour "négocier avec ténacité une application soutenanble" de cette création de Métropole ... Mais Yvon Robert est socialiste. Il a sur sa liste une ministre du gouvernement. On ne peut donc absolument pas lui faire confiance. Il appliquera avec zèle le décret gouvernemental. Là, ça ne va plus du tout ...
En effet, pour les communistes rouennais, choisir d'être sur une liste dirigée par des socialistes en plein accord avec Hollande relève de la haute voltige. Rappelons que la politique gouvernementale approuvée, votée, mise en oeuvre par ces derniers c'est: l' ANI, le traité d'austérité budgétaire dit "traité Sarkozy-Merkel", le pacte de responsabilité ou "pacte Gattaz".
Alors, des élus communistes pour quoi faire, sur une liste dirigée par les socialistes ? pour protéger la population ? pour être à ses côtés dans les luttes sociales ? ou pour servir de caution et appliquer une politique sociale paternaliste?
Le PCF, dans les intérêts des ouvriers et des salariés, devrait rompre avec cette "union de la gauche" obsolète. Et faire l'union avec ceux qui, réellement, parmi les privés d'emploi, les salariés, les ouvriers, sont engagés dans des luttes anticapitalistes. Quitte à perdre des élus. Faute de quoi, le PCF perdra, tôt ou tard, la confiance de ceux qui luttent. Entre le PS et la lutte de classes, il devra choisir.
Yvette Genestal