Chantage patronal de Renault en Roumanie : des menaces de délocalisation au Maroc face à la grève des ouvriers de Dacia
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
On connaissait le chantage à l'emploi pratiqué par Renault en France, et les menaces de délocalisation en Europe de l'Est. Désormais, via sa filliale Dacia, ce sont les ouvriers roumains qui sont victimes de ce chantage.
Les mouvements revendicatifs se multiplient dans les usines Dacia, partie intégrante du groupe Renault. Ce 21 mars, les ouvriers de l'usine de Mioveni, au sud de la Roumanie, ont commencé une grève de 36 heures pour obtenir une augmentation de salaire de 113 euros par mois.
Face à cette grève, premier mouvement d'ampleur depuis la grève victorieuse de 2008, la direction met en avant la perte financière pour le groupe – 20 millions d'euros – et a brandi une nouvelle menace en Europe de l'est : la délocalisation.
« Si nécessaire, nous délocaliserons notre production vers nos usines au Maroc car nous ne pouvons pas faire face à la hausse des coûts en Roumanie. Les revendications des employés sont irréalistes », a avancé le vice-président de Dacia.
Selon la direction, les ouvriers roumains seraient actuellement payés en moyenne 800 € par mois, soit deux fois la moyenne nationale et six fois le salaire minimum. Nombre d'ouvriers ont protesté contre ce chiffre, arguant de payes deux fois inférieures.
Le patron de Dacia en Roumanie a rappelé que l'ouvrier marocain avait comme avantage d'être rémunéré deux fois moins qu'un roumain.
Le syndicat unique dans l'usine, le SAD, fidèle à sa stratégie de concertation de classe a désavoué la grève et a appelé les ouvriers à reprendre le travail.
Dacia, première source de profits pour Renault
Pourtant, pour Renault, le rachat de Dacia en 1998 est une affaire lucrative. Depuis, la production de véhicules n'a cessé d'augmenter, allant de pair avec les cadences de travail et les taux de productivité.
Dacia, avec le modèle Sandero produit en Roumanie, est aujourd'hui le moteur des profits réalisés par Renault. Les Dacia permettent, par la pratique des bas salaires et de la délocalisation, de réaliser une marge de profits de 10%, comparable à celles des voitures de luxe.
La nouvelle usine marocaine, inaugurée l'an dernier par Dacia et évoquée par le directeur de Dacia, devrait pouvoir produire 400 000 voitures par an.
Avec près de 8 000 travailleurs, elle, l'usine roumaine de Mioveni produit chaque jour 1 400 véhicules soit 350 000 véhicules par an. Parmi les revendications des ouvriers, aussi le relâchement de la pression des cadences, chaque ouvrier ne disposant que de 40 secondes pour chaque unité.
En 2012, Dacia a encore augmenté ses ventes de 4,8%, pour un total de 360 000 unités, dont seulement 6% sont destinés au marché intérieur, le reste se dirigeant prioritairement vers la France, premier marché avec 23% des ventes de Dacia.
Article repris sur solidarité-Internationale-pcf