Communiqué de l'Association France Palestine Solidarité
AFPS, mardi 8 juillet 2014
Il y a dix ans, le 9 juillet 2004 la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye rendait son avis sur les conséquences juridiques de la construction du Mur en territoire palestinien occupé. Etablissant de façon irréfutable son illégalité, il faisait l’effet d’une véritable bombe et réduisait en pièces les laborieuses tentatives israéliennes de le présenter comme une mesure de sécurité pour protéger la population israélienne.
Dix ans après où en sommes-nous ?
La construction du Mur et de ses ramifications se poursuit à l’intérieur même du territoire palestinien occupé. Le Mur sépare les Palestiniens des Palestiniens, amène des déplacements forcés de population, coupe les villageois de leurs terres, facilite la poursuite et l’accélération de la colonisation, l’accaparement du sol et des richesses naturelles et plus particulièrement des nappes phréatiques, éventre de façon monstrueuse la terre de Palestine avec des dommages environnementaux de grande ampleur.
Pourtant, selon les termes mêmes de l’avis, que l’Assemblée générale de l’ONU avait entériné le 20 juillet 2004, il était non seulement fait obligation à Israël d’arrêter sa construction et de le démanteler, mais aux Etats tiers de « ne pas prêter assistance au maintien de la situation créée par cette construction » et « de faire respecter par Israël le droit international humanitaire » découlant de la 4ème Convention de Genève. Autrement dit, de ne favoriser d’aucune façon ni la construction du Mur, ni l’implantation ou le développement des colonies et de contraindre Israël à mettre fin à cette politique d’annexion à peine déguisée.
Il aura fallu attendre neuf ans pour que l’UE publie ses lignes directrices précisant que les entités israéliennes impliquées dans les colonies ne pouvaient prétendre bénéficier de financements européens et une année de plus pour que, ces tout derniers jours, 17 pays de l’Union, et, nous dit-on, bientôt 20, publient des recommandations ou des mises en garde en direction des entreprises qui envisageraient d’investir dans les colonies. Depuis dix ans la colonisation s’est renforcée sous l’impulsion de gouvernements dont le but était de créer des faits accomplis sur le terrain sans que l’UE, jusqu’à la publication des lignes directrices, et ses Etats membres ne fassent autre chose que protester verbalement.
On voit aujourd’hui à quoi a abouti la tolérance envers cette entreprise dont l’illégalité a été parfaitement démontrée, et qui a gangréné une large part du corps social israélien. La France doit en tirer toutes les conséquences à la lumière de la situation gravissime de ces derniers jours née de ces années de passivité face à la violation du droit.
L’actuel déchaînement de violence de la part des colons et de leurs soutiens, la violence de la répression militaro policière, les bombardements sur Gaza, créent une situation extrêmement dangereuse pour le peuple palestinien, mais aussi pour la population israélienne. Le peuple palestinien ne doit pas rester seul face à la machine de guerre israélienne et à la violence raciste des bandes ultras. La France qui, avec ses mises en garde en direction des entreprises, vient pour la première fois de réagir à la colonisation doit prendre la mesure de ce qui est en jeu aujourd’hui. Elle doit agir vite et sans ambiguïté pour honorer ses engagements, elle qui avait voté en 2004 pour l’adoption de l’avis de la CIJ par l’Assemblée générale de l’ONU.
Elle doit désormais s’opposer par des actes à tout ce qui renforce le cancer de la colonisation qui bloque toute issue politique fondée sur le droit et ne peut mener qu’au chaos.
Elle doit demander à ses ressortissants de quitter les colonies et les mettre en garde contre leur participation à une grave violation de la 4ème Convention de Genève. Elle doit déférer devant la justice ceux qui sont impliqués dans les violences et crimes racistes, qu’ils disposent ou non d’un passeport israélien.
Elle doit saisir en urgence le Conseil de Sécurité pour contraindre Israël à cesser son agression contre le peuple palestinien.
Le Bureau national