Parmi les personnes qui prennent la parole à la télévision, on compte 57 % de cadres supérieurs contre 2 % d’ouvriers. Cette représentation est en complet décalage avec la réalité sociale.
Les cadres supérieurs représentent 57 % des personnes qui prennent la parole dans les programmes de la télévision française, alors qu’ils constituent 7 % de la population totale, selon le « Baromètre de la diversité à la télévision pour l’année 2013 », publié par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les ouvriers, 9 % de la population totale (selon les données du CSA), ne représentent que 2 % des personnes entendues à la télévision. Celles sans activité professionnelle (enfants, étudiants, femmes ou hommes au foyer, chômeurs) qui représentent 38 % de la population ne sont que 10 % à intervenir à la télévision. Enfin, les retraités forment 20 % de la population, mais 3 % seulement des personnages de la télévision.
Cette représentation des catégories socioprofessionnelles via la fiction, les divertissements et les programmes d’information est en décalage avec la structure sociale réelle. Elle construit une image d’une société largement plus favorisée que ce qu’elle est. Logique : la télévision constitue d’abord un divertissement, et, en la matière, on préfère toujours observer une situation sous un jour plus favorable. Ensuite, pour ceux qui parlent à la télévision, il faut savoir maîtriser le discours en public. La parole est donnée, dans l’immense majorité des cas, à ceux qui manient le mieux cette parole, c’est-à-dire les plus diplômés.
Il n’en demeure pas moins que l’écart est énorme. Les cadres sont huit fois plus souvent présents qu’ils le devraient si le temps d’antenne était réparti en fonction de leur part dans la population et ils sont 26 fois plus présents que les ouvriers. Si l’égale présence n’aurait pas grand sens, c’est l’ampleur du déséquilibre qui est marquant. On peut difficilement penser que ce phénomène n’a pas de conséquences auprès de la population et des commentateurs, sur la construction de l’image des catégories sociales et sur la représentation des intérêts des catégories les moins favorisées. Enfin, autant il existe un débat sur la présence des femmes et des minorités visibles sur le petit écran, autant celle de la présence des différents milieux sociaux est totalement absente.
Notons enfin, que cette « discrimination « est à quelque chose prés identique à ce qui se passe à l’assemblée nationale. Il est intéressant et révélateur d’examiner la composition sociologique et l’origine professionnelle des députés : les professions dites intellectuelles et les classes aisées y sont largement majoritaires et donc surreprésentées (professions libérales, enseignants, chefs d’entreprise …), on y trouve également quelques agriculteurs et employés mais … aucun ouvrier, qui représente pourtant 1 emploi actif sur 3 !!!