Que la Commune n'est pas morte...
Résistant et communiste, Guy Môquet luttait à la fois pour libérer son pays de l’oppression hitlérienne et pour créer une France nouvelle échappant enfin à la loi des industriels et des banquiers qui avaient préféré Hitler au front populaire. Son combat mêlait le présent au futur. C’est dans cet engagement qu’il puisa le courage de lutter et d’affronter la mort. Il est à craindre que la plupart des lycéens de France ne sachent rien de cela car le message du président est clair quand il déclare : « Je veux dire que cette lettre de Guy Môquet, elle devrait être lue à tous les lycéens de France non comme celle d’un jeune communiste mais comme celle d’un jeune Français faisant à la France et à la liberté le don de sa vie. »
Les instructions ministérielles servent d’ailleurs cette volonté de tronquer l’histoire quand elles précisent : « Cette lecture ne devrait pas être réservée aux professeurs d’histoire. » C’est assez dire que l’analyse critique peut être délaissée au profit de l’émotion et même ridiculiser la mémoire du jeune résistant : souvenons-nous l'usage indigne qu'en fit Bernard Laporte à l'intention de ses joueurs de rugby. Le courage, le sacrifice, le patriotisme ne sont pourtant dignes d’éloges qu’à la condition de servir une cause juste parce que raisonnable et humaine. On ne chantera pas la gloire d’un collaborateur pétainiste ou d’un kamikaze intégriste courageux devant la mort.
En voulant taire les raisons profondes de la mort de Guy Môquet et de ses camarades de Châteaubriant, Sarkozy ne vise qu’à exalter la jeunesse au courage et au sacrifice individuels. Au courage de « travailler plus pour gagner plus », aux sacrifices consentis sur l’autel du profit. Et l’exhortation à l’amour de la patrie par un président qui brade l’exception française au nom de l’Europe et qui met la politique étrangère de la France à la remorque de celle des Etats Unis, a quelque chose de révoltant. Sarkozy entend mutiler l’histoire à des fins politiciennes. Son entreprise relève de la malhonnêteté intellectuelle et fait injure à la mémoire des résistants. Si l’exemple de Guy Môquet doit inspirer la jeunesse, c’est en l’incitant à entrer en résistance. En résistance contre la politique de la droite et de certaines gauches qui ont renoncé à la lutte des classes, politique qui impose toujours plus de sacrifices à l’ensemble des Français pour le profit de quelques privilégiés et qui, par le biais de L’Europe, fait de notre pays le vassal des Etats Unis.