Ci-joint une note de lecture, un point de vue de Yvonne Bollmann qui invite à la réflexion, ainsi qu’une dépêche de L’AFP sur les relations actuelles entre
Claude Beaulieu.
La faute de M. Monnet (Fayard, octobre 2006)
de Jean-Pierre Chevènement
M. Chevènement ne s’est pas seulement rallié à Mme. Royal. Comme le montre son dernier livre, il a aussi fait allégeance à l’Allemagne.
Dans « La faute de M. Monnet », rien, au début, n’annonce un tel revirement. Le lecteur y trouve « une réfutation en règle de l’idéologie post-nationale, théorisée par Jürgen Habermas, qui prétend déconnecter la démocratie de la nation ». M. Chevènement écrit que cette théorie « entend rompre avec la conception ethnique de la nation ». Il rappelle que l’identité post-nationale est définie essentiellement « par l’adhésion à des principes moraux et juridiques universels et par l’acceptation de procédures supranationales permettant de prendre collectivement des décisions ». Dans le sillage d’une telle conception, l’adoption d’une Constitution européenne aurait, selon M. Chevènement, « légitimé l’extension à l’Europe de la notion de patriotisme constitutionnel par lequel Habermas définit le patriotisme allemand d’après 1945 ».
Mais M. Chevènement pense qu’ « on ne se défait pas si facilement des vieilles habitudes de penser ». Il estime en effet que dans sa vision d’un Etat européen supranational, Jürgen Habermas « refoule les nations constitutives à l'état de "subcultures" particulières, c'est-à-dire de nations ethnocentriques. Cette démarche qui vise à dissocier, par un mouvement d'abstraction des particularités, le post-national, voulu, et le national, subi, aboutit paradoxalement sur le terrain à une régression de l'idée de nation républicaine vers une idée ethnico-culturelle ». M. Chevènement trouve « amusant de voir que Habermas recrée ainsi ce avec quoi il voulait rompre : la vieille conception allemande, particulariste, de l'idée nationale ». Il était temps que quelqu’un règle enfin son compte à Jürgen Habermas, dont la théorie post-nationale est l’alibi parfait pour la politique d’intérêt national que l’Allemagne mène tous azimuts.
M. Chevènement n’applique toutefois pas son analyse critique à l’Allemagne elle-même. Porté par son désir d’une « phase de maturation intellectuelle et pratique » dans les relations entre nos deux pays, d’« intimité intellectuelle dans le couple franco-allemand », il trace d’elle une image conforme peut-être à ses rêves, mais pas à la réalité. Il écrit ainsi que « l'abandon du jus sanguinis par l'Allemagne a aussi correspondu au retour dans les frontières de l'Allemagne fédérale des dernières minorités allemandes expatriées, notamment en Russie ». Or l'Allemagne n'a pas abandonné totalement le droit du sang et, ceci allant avec cela, il y a encore des « minorités allemandes » dans plusieurs pays. On ne saurait donc affirmer que « le problème des minorités allemandes ne se pose plus ». Leur existence, réelle ou prétendue, est même pour l’Allemagne un puissant outil de déstabilisation, qu’elle ne manque pas d’utiliser ici et là, dans des pays proches d’elle ou plus éloignés, y compris pour
Il y a plus grave. Cette longanimité soudaine de M. Chevènement l’amène à se renier lui-même, à rendre nul et non avenu son Non du 29 mai. L’Allemagne, écrit-il, « devrait voir, à travers un "petit traité institutionnel", son poids démographique reconnu, comme le prévoyait le projet de "Constitution", selon une double règle de majorité (majorité des Etats et majorité de 65% de la population). Cela supposerait l'acceptation de l'Espagne et de
Pour finir, comme s’il n’avait jamais dit Non, M. Chevènement écrit que « du fait que les conditions de possibilité d’une fédération européenne ne sont pas réunies aujourd’hui, même entre quelques Etats (à commencer par
14 décembre 2006
VARSOVIE, 16 déc 2006 (AFP) -
Le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski a dénoncé un retour en Allemagne d'une idéologie nationale accompagnée d'une tentative radicale de réviser l'Histoire, dans une
interview parue samedi dans le quotidien "Rzeczpospolita" .
"Nous observons en Allemagne un processus plus profond qu'une simple attitude de tel ou autre gouvernement.
Il s'agit d'une renationalisation de la politique, d'une remise en question exceptionnellement radicale des jugements historiques", a estimé le chef du gouvernement polonais.
"C'est un nouveau type d'idéologie nationale", a-t-il affirmé, en ajoutant qu'elle "fait abstraction des faits et crée une fausse conscience de la réalité".
Il a aussi regretté "l'antipolonisme évident, souvent raciste, d'une partie des Allemands".
Depuis leur arrivée au pouvoir à l'automne 2005, les frères jumeaux Kaczynski ont multiplié les attaques contre l'Allemagne mais jusqu'à présent aucun des deux frères, Jaroslaw, Premier ministre, et Lech, président, n'avaient tenu des propos aussi virulents.
La réaction de Jaroslaw Kaczynski intervient après l'annonce vendredi du dépôt de plaintes devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) par une organisation privée représentant des Allemands expulsés après 1945 ("Preussische Treuhand") qui souhaitent récupérer des biens ou obtenir des réparations de la part de
Le
A la demande de Staline, les alliés vainqueurs des nazis ont accepté en 1945 de déplacer
L'organisation "Preussische Treuhand" estime qu'environ un million d'Allemands ont perdu une propriété dans l'actuelle Pologne.
"L'Allemagne n'a pas expliqué pleinement sa position légale face à la propriété en Pologne. Ses déclarations dans ce domaine restent insuffisantes", s'est plaint samedi M. Kaczynski.
Il a déploré que que la chancelière Angela Merkel ait rejeté sa proposition de conclure un traité dans lequel les deux pays renonceraient mutuellement à toute revendication financière.
Vendredi, à Bruxelles, le président polonais Lech Kaczynski, frère jumeau du chef du gouvernement, avait déjà averti que la démarche de la "Preussische Treuhand" pourrait nuire gravement aux relations polono-allemandes.
"J'ai toujours craint qu'un jour, en se basant sur des mécanismes légaux européens, on ne lance des procédures qui auront un impact vraiment destructeur pour les relations entre les différents pays", a déclaré M. Kaczynski aux journalistes lors du sommet de l'Union européenne.
Le chef de l'Etat a rappelé que c'était pour parer à ce genre d'initiatives qu'il avait ordonné en 2004, lorsqu'il était encore maire de Varsovie, une estimation des pertes matérielles de la capitale polonaise durant l'occupation allemande de 1939 à 1945.
Le rapport avait chiffré à "au moins 45,3 milliards de dollars" les pertes dues à l'occupation de Varsovie qui avait provoqué une destruction de 80% de la ville et la mort de quelques 700.000 habitants.
Lech Kaczynski avait alors menacé l'Allemagne de réclamer cette somme si des revendications financières étaient adressées à