L’abstention est la donnée majeure du scrutin du 7 juin dernier.
En France, 60% des électeurs ont boudé les urnes et si l’on ajoute à ce nombre celui des bulletins blancs ou et nuls, on constate que 2 citoyens sur 3 ont refusé de voter aux élections européennes.
Encore « NON »
à l’Union Européenne
Une abstention politique
Un phénomène d’une telle ampleur ne tient pas au goût des Français pour la pêche à la ligne. Il relève d’une attitude éminemment politique et a une double signification. En s’abstenant massivement, les électeurs ont à la fois dit non à l’union européenne et non à la possibilité de rendre celle-ci plus sociale, plus démocratique, plus pacifique.
Non à l’union européenne dont ils ont éprouvé la nocivité à mesure que s’amenuisait leur pouvoir d’achat, que s’amplifiaient les licenciements, que se dégradaient les services publics, qu’augmentaient les atteintes aux libertés. Non à ceux qui prétendent que l’action parlementaire peut transformer de l’intérieur cette machine à exploiter en un engin au service des peuples.
Une Europe sociale ? Mission impossible !
En premier lieu parce que le vote des Français n’est pas respecté. En 2005, les électeurs ont voté « Non » au traité constitutionnel. Qu’importe ! Sarkozy signe avec les autres chefs d’états européens un nouveau traité qui réaffirme « le respect du principe d’une économie de marché où la concurrence est libre. » La majorité des députés et sénateurs, parti socialiste compris pour la plupart, le ratifie. En second lieu, parce que le parlement européen n’a aucun pouvoir législatif. Seule la commission européenne, formée de technocrates nommés par les gouvernements, propose des « lois » et dirige l’UE. Le conseil européen ( formé par les chefs de gouvernements) définit les orientations de politique générale de l’Europe. Toutes les directives européennes ont donc été voulues par les chefs d’états français qui se sont succédés depuis des dizaines d’années.
Rejet majoritaire de l’UE dans les quartiers populaires
Voilà les raisons qui ont conduit les électeurs français à déserter massivement les urnes. Leur abstention n’est autre que le prolongement amplifié de leur Non déjà prononcé contre les accords de Maastricht et poursuivi majoritairement contre le projet de constitution européenne. Au regard de cet enseignement majeur, les résultats électoraux ne signifient pas grand chose. Si l’on considère que le nombre des abstentions est plus important là où résident en masse les travailleurs et les foyers aux revenus modestes, on ne s’étonne pas de ce que le verdict électoral soit favorable à la droite. Cette dernière n’a pourtant pas de quoi pavoiser puisque toutes tendances réunies, elle ne représente que 10% de l’électorat. Par ailleurs, bien loin d’être synonyme de passivité, l’ampleur de l’abstention ne compromet en rien le nécessaire développement des luttes futures pas plus qu’elle ne préfigure les résultats des consultations électorales à venir.
Pas de quoi pavoiser pour Sarkozy : 10% des inscrits
Cependant Sarkozy ne manque pas de crier victoire et de prétendre que les électeurs ont majoritairement soutenu sa politique. Ceci d’autant plus aisément que le Modem, le PS et les partis de gauche ont mené campagne contre la politique gouvernementale, accusant les partisans de l’abstention de faire le jeu de Sarkozy et espérant ainsi mobiliser un électorat qu’ils savaient réfractaire à l’Union Européenne.
Toujours sourds
Cela dit, tout porte à croire que dans leur ensemble, les partis politiques demeureront sourds à cette énorme condamnation de l’Europe qu’est l’abstention. Soucieux de compter leurs élus, de se redonner une virginité électorale en changeant d’étiquette ou d’alliance, d’imaginer des tactiques politiciennes afin d’améliorer leur score lors des futures élections, ils privilégient leurs intérêts partisans au détriment de la cause du peuple. Servir cette cause, c’est œuvrer au développement des luttes pour le progrès social et démocratique dans une France débarrassée du carcan de l’Europe et donc libre de développer avec toutes les nations du monde sans restriction des coopérations économiques, politiques et culturelles réciproquement avantageuses. C’est à quoi les militants d’Action Communiste-Rouges-vifs s’emploient. Rejoignez-les !