Histoire du climat Historien des sciences au CNRS, Pascal Acot nous présente de façon imagée et vivante l'évolution de la Terre depuis ses origines. Il a l'immense mérite de mettre à la portée de tous un sujet difficile où se mêlent sciences naturelles et sciences humaines.
(Perrin, mars 2003, 310 pages, 20 ?)
Emmanuel Le Roy Ladurie avait ouvert la voie avec son Histoire du climat depuis l'an mil.
Historien des sciences au CNRS, Pascal Acot remonte quant à lui jusqu'à la formation de la Terre, il y a 4,6 milliards d'années ! Cet allongement radical de la perspective ne l'amène toutefois pas à remettre en cause une des principales conclusions de son illustre prédécesseur : le climat est certes une composante importante de l'Histoire, mais il ne la détermine pas (ou, du moins, il ne la détermine plus depuis quelques milliiers d'années...).
Tandis que chacun s'inquiète d'un éventuel réchauffement de notre atmosphère, voici un ouvrage bienvenu qui nous rappelle les rapports étroits entre l'Homme et le climat. André Larané
L'auteur, dans une démarche à la fois historienne et scientifique, a interrogé l'Histoire en se demandant dans quelle mesure notre destin collectif pouvait être influencé par les variations climatiques.
En se tenant soigneusement à distance de la "théorie des climats" chère à Montesquieu, il a pu montrer comment des événements tels que les campagnes de Napoléon et Hitler en Russie avaient peu à voir avec de prétendus déterminismes climatiques.
Pascal Acot fait également un sort aux accidents climatiques prétendument à l'origine de la Fronde ou encore de la Révolution française.
En remontant à la formation de l'atmosphère terrestre ( !), Pascal Acot raconte les révélations scientifiques avec un sens profond de la pédagogie. Ainsi, il ne manque pas d'éclairer les mots savants par leur étymologie.
Un monde changeant
L'étude des périodes qui ont précédé l'apparition de l'être humain passionne ordinairement peu de monde au-delà d'une poignée d'initiés.
La lecture de l'Histoire du climat peut renverser ce constat. Pascal Acot commet en effet l'exploit de parler avec clarté du précambrien et des ères paléozoïque, mésozoïque et néozoïque (nouveaux noms des ères primaire, secondaire et tertiaire durant lesquelles s'est développée la vie (de zôon, animal en grec ancien).
Le titre d'un chapitre (La vie façonne le climat) donne à réfléchir en montrant que dès le paléozoïque, le pullulement de la vie a pu modifier le climat en faisant notamment varier la composition de l'atmosphère ou la densité du couvert végétal. Comment ne pas penser à la situation actuelle, avec les craintes relatives à l'effet de serre et à la biodiversité ?
Autre motif de réflexion : l'auteur rappelle que toutes les périodes de réchauffement atmosphérique, aussi loin que l'on remonte, se traduisent par un palier de plus dans le développement de la vie et par un surcroît de bien-être pour les êtres humains !
Il n'empêche que Pascal Acot s'inquiète de la modification actuelle du climat, d'origine anthropique. Il est pour l'heure difficile d'imaginer que cette modification puisse déboucher sur un mieux-être pour l'humanité.