Cette situation ne doit rien à la fatalité et ne s’explique sûrement pas par la seule évolution des conditions historiques dans lesquelles nous évoluons : ce sont des choix politiques profonds qui ont abouti à renoncer progressivement à la lutte des classes, à l’organisation concertée des luttes autour d’un objectif de transformation socialiste de la société.
L’opposition à cette dérive politique s’est notamment exprimée avec l’appel « le PCF à la croisée des chemins » en 2001 lors du 31e congrès du PCF. Depuis lors de nombreux camarades se sont organisés : les bulletins, les sites Internet, les associations locales se sont développées avec des adhérents (et même des organisations entières), et des non-adhérents du PCF. Ces mouvements n’ont pas été pour rien dans le succès de la campagne pour le NON au référendum ni dans des luttes de haut niveau qui ses sont déroulées ces dernières années.
Néanmoins, ces forces communistes à la fois fidèle à ce qu’il y a de plus fort dans l’histoire du communisme français et porteuses d’aspirations nouvelles, n’ont que rarement pu ou su fédérer leurs efforts. Elles n’ont jamais su proposer un projet rassembleur qui s’appuie sur ce qui pourtant leur est commun comme la centralité de la question du travail, l’appréciation que nous portons sur l’Europe, la nécessité des luttes…
L’un des obstacles semble être le rapport que nous entretenons avec le PCF et ses militants qui sont encore pour beaucoup des camarades de lutte. Nous sommes partagés entre le combat interne nourri sans doute de trop d’illusions, et celui mené à l’extérieur qui n’a jamais manifesté sa capacité à construire ne serait-ce que le début d’un outil efficace en terme d’organisation à l’échelle du pays.Nous en sommes réduits le plus souvent à témoigner de nos positions plus qu’à organiser concrètement l’action politique pour les faire partager. L’unification de toutes ces énergies dans un vaste mouvement communiste est plus que jamais indispensable pour mettre en débat un projet et une orientation véritablement révolutionnaires et communistes. Nous ne devons pas le faire entre nous et en dehors des débats qui traversent la société toute entière, ni en dehors des luttes dont on voit bien qu’elles souffrent d’un manque de perspective politique et d’un affaiblissement des positions de lutte de classe dans le syndicalisme français.
Il faudrait dans le même temps participer au débat avec tous les communistes, c'est-à-dire avec tous ceux qui mettent au centre de leur préoccupation la volonté d’en finir avec le capitalisme et de construire le socialisme. C’est vrai pour de nombreux communistes du PCF mais aussi pour des milliers d’autres et notamment des jeunes qui se retrouvent dans la démarche de la LCR.Si nous n’avons pas à réduire notre intervention à ces débats nous ne devons nous y soustraire.
Action Communiste Haute Normandie pourrait être à l’initiative dans le département de débats et nous pourrions réfléchir à un appel public au rassemblement de tous ceux qui y sont prêts dans un comité de liaison national ou toute autre forme d’organisation visant à coordonner l’ensemble des groupes, des mouvements, des individus qui veulent faire renaître une véritable force communiste anti-capitaliste.
Hervé Basire, Dieppe