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ACTION COMMUNISTE

 

Nous sommes un mouvement communiste au sens marxiste du terme. Avec ce que cela implique en matière de positions de classe et d'exigences de démocratie vraie. Nous nous inscrivons donc dans les luttes anti-capitalistes et relayons les idées dont elles sont porteuses. Ainsi, nous n'acceptons pas les combinaisont politiciennes venues d'en-haut. Et, très favorables aux coopérations internationales, nous nous opposons résolument à toute constitution européenne.

Nous contacter : action.communiste76@orange.fr>

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Humeur

Chaque semaine, AC attribue un "roquet d'or" à un journaliste qui n'aura pas honoré son métier, que ce soit par sa complaisance politique envers les forces de l'argent, son agressivité corporatiste, son inculture, ou sa bêtise, ou les quatre à la fois.

Cette semaine, sur le conseil avisé de la section bruxelloise d'Action communiste, le Roquet d'Or est attribué  à Thierry Steiner pour la vulgarité insultante de son commentaire sur les réductions d'effectifs chez Renault : "Renault fait la vidange"...  (lors du 7-10 du 25 juillet).


Vos avis et propositions de nominations sont les bienvenus, tant la tâche est immense... [Toujours préciser la date, le titre de l'émission et le nom du lauréat éventuel].

 

 
16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 10:13

Un article initialement publié par "Rebelion" et "Bellaciao"

sur ce qui nous semble l'événement majeur des élections italiennes.


Les élections du 13 et 14 avril sont marquées par un événement historique dans

la politique italienne : la fin de la présence parlementaire des communistes.


Depuis la seconde guerre mondiale, le PCI avait été le principal parti

d’opposition et un pilier de la démocratie italienne, capitalisant jusqu’à un

tiers des votes. A partir de sa dissolution en 1991, la faucille et le marteau

ont pourtant continué à apparaître chez ses successeurs, soit le Parti des

Démocrates de gauche (DS) et le Parti de la Rifondazione Communiste (PRC), deux

partis qui ont pris la tête de l’opposition au premier et au second gouvernement

de Silvio Berlusconi en 1994 et 2001 et qui ont participé à la formation du

premier et second gouvernement de Romano Prodi en 1996 et 2006.


A cette dernière date, le DS a alors poursuivi une évolution centriste qui a

culminé dans la disparition de toute relation symbolique et politique avec la

tradition communiste italienne et dans la formation du Parti Démocratique,

inspiré par le "progressisme" nord-américain. Walter Veltroni, ancien maire de

Rome et candidat pour le poste de premier ministre en 2008, faisait

explicitement référence à John Fitzgerald Kennedy plutôt qu’à Enrico Berlinguer

(secrétaire général du PCI de 1972 à 1984, ndlr).


Le Parti de la Rifondazione Communiste a, pour sa part, maintenu jusqu’en 2006

la bannière communiste et cette posture politique anti-système lui a permis non

seulement de survivre, mais d’amplifier sa présence politique grâce à trois axes

fondamentaux. En premier lieu, il a appuyé et participé aux mouvements sociaux

anti-néolibéraux – et en particulier la mouvance altermondialiste, ce qui lui a

permis de rajeunir la militance communiste, à la différence des nombreux partis

européens. En deuxième lieu, il a pu compter sur la popularité d’un leadership

intelligent qui combinait critique radicale et grande capacité communicative,

celui de Fausto Bertinotti. Enfin, le parti a défendu son indépendance à

l’intérieur d’un front anti-Berlusconi, en conservant une diversité et une

spécificité politico-idéologique, sans se retrouver marginalisé des luttes

politiques nationales.


A partir de 2006, Rifondazione Communista a pourtant accepté d’intégrer non plus

seulement une coalition électorale, mais une alliance de gouvernement et s’est

retrouvé co-responsable de l’expérience du second gouvernement Prodi. En moins

de deux ans, le PRC a perdu la crédibilité accumulée au large de plus de quinze

années. A sa gauche, il a été critiqué pour avoir appuyé un gouvernement qui n’a

pas rempli ses promesses de réformes sociales et pour avoir assumé quelques fois

des positions franchement conservatrices, en particulier sur les thèmes du

pacifisme. Toute cela alors que Bertinotti assumait la présidence de la Chambre

des Députés. A sa droite, les critiques ont aussi fusé et dénoncé le PRC comme

un «facteur instable» de l’alliance gouvernemental. Au-delà de la fragile

majorité parlementaire, les droites et les médias ont dénoncé le «chantage» des

gauches (celui du PRC, mais aussi des Verts, de la dissidence de gauche du PD,

appelée Gauche Démocratique (DS), et du Parti des Communistes Italiens). Des

gauches qui n’ont pas pu changer l’orientation «naturelle» du gouvernement et

ont été accusées d’être responsables de sa chute.


Au moment de la fin du gouvernement de Romano Prodi au début 2008, le PD a alors

décidé de rompre son alliance avec Rifondazione Communista (et vice-versa). Le

PRC a alors appelé ses alliés mineurs à former une coalition électorale appelée

La gauche Arc-en-ciel avec la promesse de la transformer en «nouveau sujet

politique», à la gauche du centre occupé par le PD.


Au-delà de la victoire des droites du 13 et 14 avril, les résultats électoraux

montrent une concentration des votes sur les options de gouvernement incarnées

par Berlusconi et Veltroni, de même qu’une distribution des préférences vers des

petits partis favorisant la droite extrême d’inspiration fasciste (La destra) et

une dissidence catholique conservatrice (UDC). Ainsi s’explique la débâcle

électorale et parlementaire des communistes, qui n’obtiennent pas le minimum

requis de 8% et 4% nécessaire pour obtenir des sénateurs et députés.


Les résultats attribuent 3,21% de bulletins au PRC, soit un minimum historique.

Un 3,21% obtenu de surcroît par une formation qui se déclare ouvertement

postcommuniste. Les trois groupes trotskistes qui se sont présentés au scrutin -

fait inédit en Italie - ont obtenu, en regroupant leurs suffrages, près de 1%,

canalisant le mécontentement de gauche face à la politique institutionnaliste de

Rifondazione Comunista. Non seulement le communisme se dilue quantitativement,

mais aussi qualitativement. A l’intérieur de la Gauche Arc-en-ciel, si les

forces de Rifondazione et des Communistes Italiens étaient prédominantes, la

faucille et le marteau ont disparu et Bertinotti a déclaré que le communisme

n’allait plus être qu’un «courant culturel» à l’intérieur d’une organisation

plurielle. Ce qui suscité des réponses polémiques de la part de certains

courants de son parti. Le bilan politique montre l’échec de la stratégie

combinée d’être à la fois parti de gouvernement et dans le mouvement. Le

gouvernementalisme a avalé le mouvementisme. Le retour dans l’opposition du PRC

manquait de crédibilité. La dissolution du discours et des symboles communistes

a paru comme une modernisation trop synonyme de modération. Les résultats

électoraux n’auraient pourtant probablement pas été meilleurs, sans la création

de la Gauche-Arc-en-ciel.


Ce qui ressort des résultats, c’est aussi la fin d’une stratégie politique. Il

est surprenant que dans un pays avec une fortee traditione de gauche, avec de

solides ressources culturelles, avec la présence de mouvements et de

mobilisations opposés au néolibéralisme, il n’y a ait pas eu une réaction

électorale en faveur de la gauche. Les communistes payent l’erreur d’avoir

couvert un gouvernement modéré et conservateur. Ce soutien enterre aussi une

stratégie politico-institutionnelle.


Avec ces élections, un cycle du communisme italien se ferme donc. Au vu des

inégalités et des conflits qui traversent le pays, les chemins pour une gauche

radicale d’orientation communiste ne disparaissent pourtant pas. Mais

inévitablement, ils devront se dessiner à la marge des institutions, en rompant

avec la subordination, en récupérant, sur le terrain du rapport de forces, la

critique et la potentialité de la protestation, du conflit social, de la

mobilisation et de la politisation des secteurs populaires, y incluant les

immigrés. 3, 21% de votes, soit un peu plus d’un million de voix, révèle une

présence électorale testimoniale et l’absence de toute représentation

parlementaire, mais cela pourrait être aussi une base de centaines de milliers

de militants et sympathisants pour vertèbrer les mouvements contre le

néolibéralisme italien, en version dure ou molle, du troisième gouvernement

Silvio Berlusconi.

 

Pr. Massimo Mondonesi,  Université de México, et UNAM

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