À Sotteville-lès-Rouen, ce qui fut la plus grande gare de triage d’Europe dans les années 1980 est aujourd’hui un cimetière. Photo 2018
Pour le bureau de la Convergence Nationale Rail, Aurélien Djament, vice-président.
avec la déferlante de la déréglementation euro-libérale
Le déclin du service public ferroviaire est bien antérieur à celui de la plupart des autres services publics : lors de la création de la SNCF en 1937, le réseau ferré français commence déjà à décliner. Les élites économiques et politiques ont déjà fait le choix de la route contre le rail (d’abord surtout pour le transport de voyageurs de proximité) ; même dans les années d’après-guerre qui voient de nombreux secteurs rejoindre le service public et se développer (énergie, hôpital public etc.), le réseau ferroviaire français ne retrouvera jamais la densité atteinte lors de l’apogée de l’entre-deux-guerres. Les pouvoirs publics préfèrent faire de l’automobile individuelle un moyen de transport de masse et investir de façon massive et constante dans la réalisation d’un dense réseau d’autoroutes et voies rapides.
Ce choix politique de l’automobile (ainsi que de l’aviation pour les longues distances) est aggravé, plus tard, par une lame de fond néo-libérale et austéritaire qui se déploie notamment à partir des années 1990. Les traités européens (notamment depuis celui de Maastricht) imposent progressivement le démantèlement des monopoles publics et la gestion des anciens services publics d’après des critères de rentabilité financière, selon le principe de la « concurrence libre et non faussée » qu’ils gravent dans le marbre. Tout doit disparaître des statuts protecteurs pour les salariés, de la gestion nationale unifiée et intégrée, de la priorité absolue à la qualité de service rendu aux populations sur tout le territoire. Les résultats sont tristement connus pour l’ex-France Telecom, mais la catastrophe (du point de vue de l’intérêt général, mais pas de l’intérêt particulier des actionnaires) n’a pas empêché les institutions européennes et nationales de conduire ou tenter de conduire sur la même voie l’ancien monopole public EDF-GDF ou la SNCF, devenue société anonyme avec la « fermeture » du statut des cheminots le 1er janvier 2020, à la suite de la contre-réforme ferroviaire imposée en 2018 par le gouvernement Macron-Philippe malgré l’opposition des organisations syndicales, de certaines formations politiques et un grand mouvement de grève des travailleuses et travailleurs du rail. Un grand mouvement de grève qui aurait évidemment mis bien davantage le gouvernement en difficulté si des décennies de politique anti-ferroviaire n’avaient pas réduit la part modale du rail à portion congrue pour le transport de voyageurs et encore plus de marchandises.
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Renaissance du service public ferroviaire ou désindustrialisation et chaos écologique
Les progressistes doivent s'emparer du rail non seulement comme d'un service public menacé à défendre comme tous les autres, mais aussi d'un service public particulièrement précieux pour féd...