Intervention de Pascal Morel, Secrétaire de l’Union Départemental de Rouen
A Mathieu et Jehann, ses enfants, à ses petits enfants, à sa compagne, à toute la famille,
Cher-es Camarades,
Cher-es amis,
Cher Bernard,
Nous sommes tous réunis aujourd’hui pour te rendre un dernier hommage.
Bernard, pendant 27 ans, tu as exercé le mandat de Secrétaire Général de l’Union départementale CGT de Seine- Maritime.
Durant ces 27 années, marquées de résistance, de conflits et de négociations, tu as toujours gardé bon pied, bon oeil.
Mais ta combativité était dans tes tripes bien avant d’être permanent. Preuve on est au début des années 60, lorsque pour combattre l’OAS, tu réclames des armes à la direction de la Compagnie électro-mécanique.
Résumer ton activité de militant serait trop long tant ton engagement syndical, mais aussi politique, ont marqué notre département et notre région Normandie.
Quelques dates qui retrace ta vie et ton engagement riche en évènements.
En 1950, tu rentres à l’école de la Compagnie Electro Mécanique du Havre - la CEM - ou tu obtiens un CAP d’ouvrier-tourneur.
Tu rentres dans la vie active en 1952. Dès 1953, tu commences à exercer tes premiers actes de solidarité avec tes collègues de travail. Je te cite : « j’avais 17 ans, on collectait de la bouffe et des patates ». 1ère grève, 1ère responsabilité !
En 1959, à ton retour, après 28 mois de service militaire en Algérie, tu es élu délégué du personnel.
En 1962, les Métallos CGT du Havre te confie la direction du syndicat CGT des Métaux, fonction que tu occuperas jusqu’en 1966.
Puis en 1962, tu es élu Secrétaire Général de l’UD CGT 76. C’est dans cette responsabilité que tu contribueras à la grande grève de mai–juin 1968, notamment la puissante grève commencée à Cléon avec occupation de l’usine, grève qui s’étend à plus de 100 entreprises dans le département.
A l’issue de ces grèves, la CGT sortira renforcée avec 90.000 syndiqués CGT dans le département et les acquis sociaux arrachés au patronat.
Les années suivantes, ce sont les luttes pour l’emploi dans la construction navale avec l’occupation du paquebot le « France » durant 3 jours pour améliorer les conditions de travail des salariés.
Avec l’arrivée des centrales nucléaires, et les salariés sur le chantier, tu crées les conditions de la mise en place d’une Union locale de chantier à Paluel, pour organiser les travailleurs et faire respecter leurs droits.
Les années 70-80 sont marqués de ton empreinte, riches en terme de luttes dans notre département, telle la lutte emblématique contre la fermeture de la papèterie Chapelle Darblay de 1980 à 1983.
En 1984, à l’occasion des commémorations du débarquement de Normandie, tu organises un rassemble-ment de la CGT pour rappeler la place prise par la CGT dans la résistance.
Puis en 1994, tu réitère la même opération au mémorial de la paix à Caen en la présence de nos camarades Louis Viannet, Georges Séguy et André Duroméa.
Tout au long de ta vie, Camarade, tu t’es battu pour la paix dans le monde.
Cela démontre, Bernard, tes valeurs et ton engagement durant tout ta vie.
Une anecdote que nous ne sommes pas prêts d’oublier et qui restera dans nos mémoires ! J’en témoigne, puisque j’étais présent avec mes camarades de mon syndicat Renault Cléon. Je veux parler de l’initiative en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution Française : la CGT décide d’organiser une curieuse exposition de chevaux à Deauville. Une fois encore, je te cite : « on a proposé de présenter les « Yearlings » de la CGT, il a fallu trouver les chevaux et des gens sachant les monter !
Et on l’a fait !
On a présenté les « Yearlings » dans la rue principale de Deauville pour terminer devant le Casino. On était 1500 en manifestation.
Les chevaux s’appelaient : « emploi précaire, y en a marre » ; « du fric pour l’école, pas pour la guerre » ; « à bas les privilèges ».
Force est de constater, qu’aujourd’hui encore, ces revendications sont, hélas toujours d’actualité.
Bernard, tu étais de tous les combats face au patronat et au pouvoir politique.
En 1975, la confédération CGT t’a demandé d’aider les organisations de la CGT de l’Orne et de La Manche.
Dès 1980, tu occuperas les fonctions de Secrétaire Régional de la CGT de Normandie et ce jusqu’en 1995.
C’est cette année-là que l’heure de la retraite sonne pour toi ! Et ton engagement continu de plus belle, tu créé l’Institut de l’Histoire Sociale CGT de Normandie.
Bien entendu, impossible d’évoquer ton engagement syndical sans parler de ton engagement politique au Parti Communiste Français auquel tu adhères en 1960, et les responsabilités que tu y prendras, dont celle de membre du bureau Fédéral du PCF de Seine-Maritime.
Tu cherchais des fossiles et tu faisais partager tes connaissances. D’ailleurs, tu avais organisé une exposition à la médiathèque de Brionne sur ce sujet.
Bernard, nous sommes nombreux à avoir suivi tes conseils, tes valeurs pour construire un monde meilleur et la conquête de droits sociaux pour tous.
Ton engagement exemplaire de militant syndical et politique, porteur du combat pour la paix dans le monde reste et restera une force, et le grand homme que tu as été tout au long de ta vie marquera à tout jamais l’histoire sociale de la CGT et de notre Département.
Pour terminer cet hommage, je retiendrai, pour les luttes à venir, et elles s’annoncent nombreuses dans cette sombre période, où la bête immonde n’a de cesse de grappiller notre république, cette phrase de toi :
« Les gars on se serre les coudes, et on se bat ».
Alors oui Camarade « on continue, on ne lâche rien » !
Pascal Morel
commenter cet article …