Sur décision d’Emmanuel Macron, Joséphine Baker, Résistante, militante antiraciste, artiste de variété connue à l’international, entre au Panthéon et c’est justice. Mais qu’est-ce qui justifie que les présidents successifs, de Chirac à Macron en passant par Sarkozy et Hollande, maintiennent l’exclusive inavouable qui frappe depuis toujours les militants et militantes communistes héroïques qui luttèrent pour la paix, le progrès social, les lumières partagées, la solidarité humaine et la libération de la patrie ?
S’agissant de militants hommes, on peut évoquer, entre mille exemples, Joseph Epstein et Missak Manouchian, tous deux morts pour la France, le premier après avoir subi d’affreuses tortures, ces Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Oeuvre Immigrée qui combattirent héroïquement les nazis. Ou Ambroise Croizat, dirigeant métallo CGT, député, ministre du Travail entre 1945 et 1947, qui joua le rôle principal dans la création de la Sécu, des retraites par répartition, d’un Code du travail protecteur pour les salariés, de la généralisation des conventions collectives… Ou Marcel Paul, pupille de la Nation, dirigeant CGT des électriciens-gaziers, Déporté-Résistant, animateur d’un réseau clandestin de solidarité à Buchenwald (qui sauva notamment l’ingénieur Marcel Dassault). Devenu ministre en 1945, M. Paul créa la grande entreprise publique EDF-GDF en la dotant d’oeuvres sociales de référence : il donna ainsi à la France les moyens de sa reconstruction industrielle. Ou Maurice Thorez, concepteur du Front populaire, ministre d’Etat créateur du statut des mineurs et du statut de la Fonction publique; ou Jacques Duclos, figure du Front populaire, réconciliateur en 1935 du Drapeau national et du Drapeau rouge du mouvement ouvrier, dirigeant du PCF clandestin et de la Résistance communiste durant toute l’Occupation, président de l’Assemblée nationale en 1945. Ou Henri Rol-Tanguy, Compagnon de la Libération, combattant des Brigades internationales d’Espagne, commandant en chef des FFI d’Ile-de-France en 1944, dirigeant de l’insurrection parisienne, cosignataire de la reddition de von Choltiz. Ou Pierre Villon, délégué du PCF auprès de Jean Moulin, qui inspira largement le programme du CNR « Les Jours heureux »…
Et puisqu’on nous dit à juste raison qu’il faut enfin ouvrir grandes les portes du Panthéon aux héroïnes de la République que les préjugés sexistes en ont longtemps exclues, que ne l’a-t-on encore fait pour l’admirable Martha Desrumeaux, l’ouvrière textile nordiste, dirigeante du PCF de l’entre-deux-guerres et du Front populaire, figure de proue de la Grande Grève Patriotique des Mineurs nordistes de mai-juin 1941, longtemps présidente de l’Union des Femmes Françaises ? Ou pour Emilienne Mopty, qui fut guillotinée à Cologne pour sa participation à la grève des mineurs en zone interdite ? Ou pour Danielle Casanova, secrétaire de l’Union des Jeunes Filles de France (Mouvement de la Jeunesse Communiste), militante antifasciste morte en déportation ? Ou pour Marie-Claude Vaillant-Couturier, journaliste communiste et militante antinazie, compagne et camarade de lutte de Paul Vaillant-Couturier, co-fondateur du PCF ? Marie-Claude, résistante-déportée en Allemagne, fut désignée comme accusatrice des bourreaux hitlériens au procès de Nuremberg au nom des victimes des camps. Ou pour Elsa Triolet, romancière, militante antinazie et animatrice clandestine, avec Louis Aragon et Claude Morgan, des « Lettres françaises » clandestines durant l’Occupation, première femme à avoir obtenu le Goncourt, inlassable animatrice de la bataille culturelle pour le Livre et de cent autres luttes pour l’émancipation du prolétariat ? Ou enfin pour Olga Bancic, la seule femme à faire partie du procès de l’Affiche Rouge des FTP-MOI de Missak Manouchian, affreusement torturée par les Brigades Spéciales, elle fut guillotinée à Stuttgart le jour de ses trente deux ans. [...]