SOURCE : L'Humanité
Les salariés de la fonderie aveyronnaise de Viviez occupent l’usine et demandent un délai pour chercher un repreneur. Une grande manifestation aura lieu mercredi.
Toulouse (Haute-Garonne), correspondance.
L’arrêt immédiat de l’activité, décidé vendredi par le tribunal de commerce de Toulouse, a eu pour effet d’accroître la colère et la mobilisation des métallos de la SAM. L’assemblée générale, le jour même, a décidé de« ne pas respecter la décision de justice ». Depuis, la fonderie de Viviez (Aveyron) est occupée jour et nuit par les salariés. Objectif : sauver la principale entreprise privée du bassin de Decazeville et ses 333 emplois. Sur la barricade à l’entrée de l’usine a été déversée une coulée d’aluminium en fusion. Pour mardi est annoncée« une opération coup de poing ».
La manifestation régionale prévue pour ce mercredi 1er décembre à 10 h 30 se transforme en manifestation nationale. Pour soutenir les salariés de la SAM, des cars, affrétés par les unions départementales CGT, convergeront vers Viviez, venus de toute l’Occitanie et bien au-delà. La Confédération paysanne participera elle aussi à cette mobilisation pour« vivre et travailler au pays ». La SAM pose la question de la politique industrielle française : peut-on vraiment réindustrialiser en détruisant l’existant ?
Sur place, les blouses bleues de la SAM expriment du dégoût mais pas de résignation.« La décision du tribunal de commerce a resserré les liens entre les salariés »,estime même Sébastien Lallier, secrétaire CGT du comité social d’entreprise. Tout le bassin est solidaire des métallos de la SAM qui, hier dimanche, ont reçu la visite des clubs de rugby et d’habitants venus apporter des gâteaux, du café…« Nous n’avons plus rien à perdre et s’il le faut nous occuperons l’usine jusqu’à Noël »,prévient David Gistau, syndicaliste CGT.
En dernier recours : un rapport de force politique
Pour les syndicalistes de la SAM, la décision du tribunal de commerce est illégale, car elle a été prise par délibéré sans réelle audience ni débat contradictoire. Ils demandent donc à la procureure de la République de faire appel. Cependant, le gouvernement semble s’inscrire dans l’abandon de la fonderie, puisque le ministre Bruno Le Maire parle d’« un site historique qui ferme ».
Seul un rapport de forces politique, que les métallos de la SAM tentent en ce moment de créer, obligera le gouvernement à exiger que Renault respecte ses engagements vis-à-vis de son sous-traitant et accompagne la fonderie aveyronnaise jusqu’en mars 2022. Ce qui laisserait le temps de chercher un repreneur. Le constructeur automobile refuse de soutenir le seul plan de reprise de la SAM et, de surcroît, favorise le concurrent espagnol CIE, qui produirait bientôt en Roumanie les pièces jusqu’ici réalisées à Viviez.
Aujourd’hui lundi, Emmanuel Macron et Jean Castex devaient recevoir les patrons de Renault et Stellantis et annoncer des aides à la filière automobile – on parle de 2,5 milliards d’euros. Toutefois, selon certaines informations, cette rencontre serait reportée. La mobilisation de la SAM y serait-elle pour quelque chose ?« Il faut exiger des engagements clairs en contrepartie de ces financements », réagit Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie et attendue aujourd’hui à Viviez. Qui comprendrait que Renault prenne de l’argent d’une main et supprime des emplois de l’autre ?
Le refus de Renault et le délibéré du tribunal de commerce sont « des décisions incendiaires », s’écrie Jean-Louis Chauzy, président du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) d’Occitanie. L’un des métallos de la SAM l’annonce :« Ils vont apprendre à nous connaître. »
En Aveyron, Renault lâche la fonderie automobile SAM
" Je suis estomaquée ", réagit Sandrine. Cette infirmière, employée de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) de Viviez, dans l'ancien bassin houiller de Decazeville (Aveyron), n'en cr...
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