Extrait
"Très clairement, sur le dossier britannique, la France a fait partie des pays les plus intransigeants: Emmanuel Macron cherchait à retrouver les services de la City, ce sont les intérêts de la France vu du point de vue du banquier: il se voit en leader de l'Europe sans percevoir ni défendre l'intérêt réel de la France".
FIGAROVOX/ENTRETIEN - L'économiste David Cayla analyse les raisons du rejet de l'accord sur le Brexit par le Parlement britannique. Pour lui, si le Royaume-Uni s'oriente vers la perspective d'un « no deal », c'est avant tout parce que l'Union européenne est incapable de revenir sur ses conditions.
David Cayla est économiste, maître de conférences à l'université d'Angers. Il est l'auteur, avec Coralie Delaume, de La Fin de l'Union européenne (Michalon, 2017), et son dernier ouvrage s'intitule L'économie du réel (De Boeck supérieur, 2018).

30 novembre 2018 au G20 de Buenos Aires
FIGAROVOX.- Ce 15 novembre, le Parlement britannique a massivement rejeté l'accord de Theresa May sur le Brexit. Pouvez-vous revenir sur la nature de ce «deal»? Pourquoi a-t-il été rejeté par le Parlement?
David CAYLA.- Ce «deal» était le produit du rejet des propositions de Theresa May au sommet de Salzbourg le 17 novembre dernier. Des propositions y avaient été faites par la partie européenne et la partie britannique, Theresa May y avait présenté son projet, qui avait été unaniment rejeté. D'ailleurs on avait déjà parlé d'humiliation pour Theresa May à l'époque. À partir de ce moment, les Européens se sont unis pour imposer à Theresa May l'ensemble de leurs conditions. Ces conditions sont de deux ordres. D'abord une phase de transition est prévue à partir du moment où le Royaume-Uni quittera l'Union européenne le 29 mars, avec environ deux années de négociations concernant les futures relations du pays avec Bruxelles, jusqu'à fin 2020. Pendant cette période, le Royaume-Uni devra continuer de respecter les règles de l'Union européenne, de payer sa contribution, d'être dans le système de la PAC: en réalité, pendant ce temps, rien ne changera pour le Royaume-Uni. Mais derrière cela il y a la perspective d'une refondation des relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. [...]
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