Chemnitz, en Saxe, à l’est de l’ex-RDA, et ses manifestations antimigrants, appuyées par les mouvements d’extrême droite Pegida et AfD (Alternative für Deutschland), font la une des journaux depuis la fin du mois d’août. Comment l’ex-Karl-Marx-Stadt, fleuron industriel de l’ex-RDA, est-elle devenue le théâtre de ce malaise ? Et que reste-t-il justement de cette ex-RDA ? Dans son dernier ouvrage, le Pays disparu (Stock), l’historien Nicolas Offenstadt (photo DR) a pratiqué une histoire de terrain fondée sur l’exploration urbaine des friches et terrains vagues. Une micro-histoire des objets et une géographie de ses non-lieux, pour mieux témoigner de l’abandon et de la dévaluation que ce territoire a connu après la réunification des deux Allemagnes en 1990.

Vous avez arpenté toute l’ex-RDA, comment interprétez-vous les derniers événements de Chemnitz ?

D’abord, rappelons que la présence d’une extrême droite active n’est pas nouvelle, les violences racistes à l’Est non plus. Dès après l’unification, des pogroms se déclenchent à Hoyerswerda (1991) ou à Rostock (1992). Par ailleurs, avant Pegida et l’AfD, le parti souvent qualifié de néonazi NPD développait une implantation territoriale à l’Est afin de contrôler des espaces entiers, des «zones nationales libérées», selon le vocable de l’extrême droite.

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1 : Les Allemands de la gauche radicale parlent d'"annexion" et tout montre qu'il s'agit d'annexion : les anciens cadres de RDA, qu'ils soient dans l'industrie ou les services publics, ont été écartés, méprisés.  L'industrie fut détruite sans ménagement.  Les logements sociaux, notamment à Berlin, furent vendus aux spéculateurs ... Les médecins des hôpitaux de RDA ont été écartés des responsabilités qu'ils occupaient, les pilotes de l'ancienne compagnie d'aviation licenciés, les chercheurs souvent accusés d'être de la Stasi, écartés de toute recherche.  C'est toute une génération d'intellectuels dont l'Allemagne d'Angela Merkel s'est privée. YG.