Le petit microcosme bruxellois est en émoi. Les eurodéputés, en particulier, sont très fiers d’eux-mêmes (un phénomène, il est vrai, qui n’est pas particulièrement rare). Réunis dans l’hémicycle de Strasbourg ce 12 septembre, ils ont pris l’initiative d’un texte qui « invite le Conseil à constater s’il existe un risque clair de violation grave, par la Hongrie, des valeurs visées à l’article 2 du traité UE et à adresser à la Hongrie des recommandations appropriées à cet égard ».
La résolution a été adoptée par 448 voix contre 197 contre (et 48 abstentions). Après la Pologne épinglée par la Commission, en décembre dernier, c’est donc la Hongrie qui pourrait faire l’objet d’une procédure de mise au ban au motif d’« atteinte à l’Etat de droit ». Même si la suspension de ces pays est improbable au terme de ladite procédure (il faudrait l’unanimité au sein du Conseil), l’événement souligne les antagonismes qui se tendent plus que jamais au sein de l’UE.
D’autant que Manfred Weber, le président du groupe PPE (droite européenne, dont sont notamment membres LR pour la France, la CDU d’Angela Merkel… et le FIDESZ de Viktor Orban) a voté dans ce sens.
M. Weber est lui-même issu de la CSU, la petite soeur bavaroise de la CDU, au sein de laquelle il défend les positions – cela va sans dire – d’un « Européen convaincu et fervent ». Parmi ses collègues PPE de l’hémicycle de Strasbourg, il a en outre la réputation d’un ultra conservateur.
Jusqu’à présent, M. Weber passait plutôt pour indulgent vis-à-vis du Premier ministre hongrois. Mais l’homme souhaite succéder l’année prochaine à Jean-Claude Juncker comme président de la Commission européenne. Il a de bonnes chances d’être le candidat du PPE à ce poste, puisque la chancelière allemande lui a témoigné son soutien (le PPE, au sein duquel d’autres personnalités pourraient nourrir cette ambition, désignera officiellement son champion en novembre prochain).
« Je me sens très proche de mes amis sociaux-démocrates et libéraux, nous sommes les trois formations politiques dépositaires du futur de l’Union » – Manfred Weber, PPE (droite européenne)