Publié 08/09/2018 dans "Paris-Normandie"
Politique. Infiltration, pressions, cadeaux ou amendements clés en main, toutes les méthodes seraient bonnes pour parvenir à leurs fins. La démission de Nicolas Hulot a remis dans la lumière une profession qui la fuit d’ordinaire : les lobbyistes. Plongée dans les eaux grises du pouvoir...
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Les termes sont nombreux pour désigner cette activité sulfureuse et vieille comme la politique. L’Union européenne en répertorie 11 000 à Bruxelles et on compterait une vingtaine d’ex-lobbyistes collaborateurs à l’Élysée. « C’est comme dans les polars, il faut suivre l’argent ! », assène le secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts. « Une personne qui est salariée pour défendre des intérêts privés est différente des militants associatifs ou d’ONG, qui défendent par essence des choses qui ne sont pas à vendre, affirme David Cormand. Et puis leurs moyens n’ont rien à voir, à tel point que les lobbys des grandes entreprises ont cannibalisé l’expertise dans de nombreux domaines. Ça leur permet d’instiller le doute, de gagner du temps et ainsi maintenir un système qui leur rapporte », ajoute le Cantilien, qui dénonce les revolving doors, ces « portes tambours » empruntées entre public et privé par les hauts fonctionnaires ou les collaborateurs des politiques. Un « pantouflage » qui développe, quand elle n’est pas transparente, « une relation malsaine » entre le secteur privé et ceux qui sont censés le réguler. « On ne peut pas mettre sur un pied d’égalité ceux qui défendent des intérêts économiques et ceux qui défendent l’intérêt général, renchérit Jean-Paul Lecoq. Durant mon premier mandat sous Sarkozy, ils étaient identifiés, c’était clair. Aujourd’hui, on les voit moins à l’Assemblée, mais ils invitent beaucoup dans les restaurants alentour, pourvus de petits salons. Ils sont au pouvoir. La Macronie, c’est la technocratie et les lobbys. ». Rappelons que le premier ministre, Édouard Philippe, était directeur des affaires publiques de l’ ex-géant du nucléaire, Areva, entre 2007 et 2010.
Le député PC de la 8e circonscription de Seine-Maritime donne deux récents exemples : un « voyage d’étude » en Israël tous frais payés pour des députés et le couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville, devenu légal a posteriori, après un assouplissement des normes. « Bref, le déontologue de l’Assemblée Nationale doit avoir un paquet de boulot en ce moment ! »
« À chaque loi de programmation des finances, nous sommes inondés d’invitations, qui finissent toutes dans ma corbeille ! » Une pression et une « consanguinité » entre pouvoirs et lobbies dénoncées aussi par son collègue dieppois Sébastien Jumel (PC). Pour lui, il faut « renforcer les pouvoirs du Parlement et le contrôle des députés ». Mais nous n’en prendrions pas le chemin, car « les banquiers sont au gouvernement, Macron veut affaiblir l’Assemblée et le plus gros lobby, c’est celui de la pensée néolibérale ». Une « bonne connaissance des dossiers et une approche politique, pas technique, de ceux-ci » permettrait d’y échapper.
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L'article intégral ici :https://www.paris-normandie.fr/accueil/des-pouvoirs-sous-influence--enquete-sur-les-lobbys-CC13669182
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