Jean-Paul Lecoq est un député communiste de terrain. Présent aux côtés des salariés, dans les luttes, dans les manifestations. Présent dans les combats contre la loi Travail. Combatif contre les patrons qui bradent l'industrie en France et au Havre en particulier, comme Lafarge par exemple. Mais sur l'Europe, sur l'UE plus exactement, il méconnait la réelle nature de classe de cette institution, un des appareils institutionnel essentiel du capitalisme mondialisé.
Cette histoire de drapeau, ce n'est pas seulement une histoire de bout de chiffon. Et le propos de Jean-Paul Lecoq est révélateur de la ligne pro-européenne du PCF. Même s'il combat les conséquences sociales en France de cette politique européenne.
Je partage tout à fait le commentaire d'El Diablo sur l'intervention du député communiste à l'Assemblée Nationale. J'ajouterais que ce qui me semble gravement absent de son intervention, c'est l'analyse de ce que signifie le drapeau européen dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale. C'est en effet conférer aux institutions européennes une autorité législative en France, c'est placer à égalité les décisions votées par les représentants du peuple français et celles prises par la commission ou le conseil européen. Or le Palais Bourbon est le lieu de la souveraineté nationale et de nulle autre. Hisser le drapeau étoilé de l'UE dans cette enceinte, c'est suggérer aux députés qu'ils sont mineurs et ne peuvent légiférer contre l'Europe des multinationales.
Jean-Paul Lecoq affirme aussi que ce sont les peuples qui ont fait l'Europe politique, c'est à dire l'UE actuelle. C'est faux. Les peuples ont été soigneusement écartés de sa fondation et de sa construction. Le PCF s'y est d'ailleurs opposé longtemps. Voici ce qui est dit de la naissance de la communauté européenne dans le livre de J. Kanapa et J. Denis : Pour ou contre l’Europe ? Éditions sociales, 1969] :
L'Union européenne ne s'est pas "détachée" des peuples. La communauté économique européenne s'est créée sans eux et contre eux. L'UE s'est imposée peu à peu aux peuples, en rampant sournoisement dans les consciences, faisant croire qu'il n'y avait pas d'alternative, multipliant les coups de force ( traité constitutionnel) et les mensonges (Europe sociale ...). De 1957 (Traité de Rome) à 2017 : 60 ans d'intégration continue dans les faits et dans les têtes. Et jusqu'aux partis communistes européens quasiment tous retournés.
Et enfin comment parler d"'Europe démocratique" quand les traités rejetés par les peuples sont appliqués quelques années plus tard ? Comment affirmer que "tous ses États [ de l'Europe ] sont démocratiques, parce que ses nations ont conquis la démocratie" quand les communistes polonais sont menacés d'emprisonnement, leur parti sous le coup d'une interdiction pour avoir défendu des idées et un programme communiste ? Et quand le régime politique en France se teinte de bonapartisme et exclut du pouvoir la très grande majorité : les salariés les plus pauvres, les précaires, les chômeurs.
Yvette Genestal
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