Faire parler du travail comme activité concrète, comme rapport social, comme source d’exploitation et de dominations multiples, mais aussi comme réalisation de soi: voilà le défi auquel s’est attelé Nicolas Latteur dans ce livre très attachant, aussi riche à mes yeux qu’important. [Voir ci-dessous l’intervention – youtube – de Nicolas Latteur à propos des 44 témoignages de salarié·e·s réunis dans son ouvrage.]
Sa richesse provient tout d’abord de la diversité des témoignages qui sont restitués et qui permettent au lecteur de rentrer dans différents univers de travail, plus ou moins valorisés socialement: des chaînes de restauration rapide au gardiennage, des grands groupes industriels au laboratoire de recherche. Si comme le dit l’une des enquêtées, Nadia, infirmière dans une maison de repos, «personne ne veut venir parce que c’est un travail de merde», la restitution de plus de quarante parcours professionnels dans des entreprises privées de l’industrie et des services, dans la fonction publique, dans le monde associatif montre qu’aucun univers professionnel n’est protégé ou «privilégié». Au fil de ces histoires de vie livrées de façon très fine, le lecteur partage les attentes et les représentations des salarié·e·s, comprend ce qu’ils investissent dans leur travail et combien ils se confrontent à une absence de reconnaissance et de valorisation.
«La misère du monde… du travail»