Violence ? Quelle violence ? Sur Sabana Grande, très longue rue piétonne du centre populaire de Caracas, les badauds déambulent, qui dégustant une glace, qui promenant les enfants. Plus à l’ouest encore, royaume des petites motos de ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une auto – sociologiquement plutôt « chavistes » –, la capitale vénézuélienne palpite et, comme dans plus de 90 % des agglomérations et des territoires du pays, chacun y vaque tranquillement à ses occupations.
En revanche, ce 13 mai, tandis que des pneus crament sur la chaussée, une petite foule d’opposants au président Nicolás Maduro stationne sur la place Francia du quartier bourgeois d’Altamira (Est de Caracas). « J’ai 57 ans, j’ai vécu diverses périodes présidentielles et, bien qu’il y ait toujours eu de la pauvreté et de l’insécurité, il y avait une bonne qualité de vie, nous explique une aimable femme à la discrète élégance. Hélas, depuis [Hugo] Chávez, la situation a bien changé… » Quelque peu perplexe, elle fixe l’épais nuage de fumée qui s’élève, à cent cinquante mètres de là, à proximité de la Torre Británica : « Des jeunes ont monté une barricade, la Garde nationale est arrivée et il y a eu une grande confusion. Un autobus a été incendié, mais cela n’a pas été provoqué par les manifestants, il a brûlé (elle cherche ses mots) … spontanément. » Autour d’elle, malgré l’évidence de la situation, la paranoïa rôde, instillée jour après jour par les médias : « C’est des “colectivos” infiltrés qui ont fait ça. » Les supposés paramilitaires du « régime », systématiquement accusés de tous les maux. Notre interlocutrice, elle, nous fixe avec gentillesse : « Vous êtes seul ? Faites attention à vous, il y a des délinquants qui pourraient vous voler vos appareils photos. »
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Au Venezuela, la fable des manifestations pacifiques
Violence ? Quelle violence ? Sur Sabana Grande, très longue rue piétonne du centre populaire de Caracas, les badauds déambulent, qui dégustant une glace, qui promenant les enfants. Plus à l'ou...
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