Avec près de trente ans de travaux sur la grande bourgeoisie au compteur, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon sont des références en la matière. Mœurs, éducation, stratégies de préservation des privilèges… Les riches n’ont plus de secrets pour eux ! Après leur départ du CNRS en 2007, les sociologues passent des sciences humaines au militantisme. Ils présentent d’ailleurs cette année leur candidature aux législatives dans les Hauts-de-Seine. À l’occasion de la sortie de leur dernier livre « Les prédateurs au pouvoir » (éditions Textuel), Le Comptoir a contacté Monique Pinçon-Charlot qui a aimablement répondu à ses questions. Élections présidentielles 2017, guerre des classes et reconstitution de la gauche radicale sont au menu de cet entretien.
Monique Pinçon-Charlot
Aujourd’hui, selon la perception de l’oligarchie, les partis sont morts et il n’y a plus de gauche ni de droite. Quand on emploie l’expression « pensée unique », on vise bien le fait que la pensée néo-libérale est devenue une seconde nature. Elle est devenue le réel, quelque chose qu’on ne peut pas remettre en question. Le néolibéralisme peut être amélioré, amendé pour être encore plus violent, mais il ne peut pas être critiqué. On est bien dans un totalitarisme oligarchique et qui me fait toujours penser au roman 1984 d’Orwell, avec Big Brother à la tête d’un parti unique.
Je suis assez d’accord avec la formule. J’y adhère d’autant plus que le Front national est un parti qui, après sa création, a été renforcé et mis en scène par les socialistes : c’est le cas depuis 1983, au moment où la pensée unique a commencé à se constituer dans le sillage du renoncement du Parti socialiste, avec le tournant de la rigueur.
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