Sous le titre "Montebourg, Martinez, Généreux : « Redonnons la priorité à l’industrie »", des dirigeants politiques et syndicaux appellent à réorienter l’économie dans un texte signé aussi par Pierre Laurent, une démarche qui semble unir largement des frondeurs socialistes aux insoumis.
Ce texte, critique des politiques économiques conduites depuis des décennies par la gauche et par la droite, est utile au débat, mais il est aussi porteur de l’illusion qu’une autre politique économique dans le cadre de ce capitalisme mondialisé, est possible.
Contribution au débat sur cet appel.
Le constat de la désindustrialisation est net et le discours patronal qui promet toujours plus d’emploi en baissant le coût du travail est dénoncé. Cependant, le texte ne propose pas vraiment d’analyses des causes de cette situation. S’agit-il simplement que nous avons un mauvais patron des patrons et qu’un autre pourrait avoir une autre orientation ?
Le texte se consacre principalement justement à proposer de "réorienter" l’économie autour de quelques idées.
l’économie doit être orienté vers la réponse aux besoins
il faut changer la place du travail dans la société, reconnaitre les compétences et les droits des salariés...
il faut de nouvelles formes de travail et d’entrepreneuriat...
il faut une économie circulaire et développer une économie "de la fonctionnalité" (autrement dit, utiliser un service plutôt que posséder un bien...)
il faut une économie ancrée dans les territoires
Notons que ce texte n’aborde pas directement la question de la propriété des moyens de production, le mot nationalisation n’y figure pas. Mais dans un premier temps, mettons de coté cette question. Le texte n’est évidemment pas proposé comme une analyse marxiste, mais chercher à mener la bataille politique pour un développement industriel favorable aux travailleurs. Voyons s’il est utile pour cela.[...]
Il ne dit rien des échanges dans le capitalisme mondialisé. L’exemple du solaire photovoltaïque est pourtant éclairant. Voilà une filière industrielle qui a été présenté comme une économie territorialisée, massivement aidée, par des subventions, des aides fiscales, des projets publics... l’électricité renouvelable reste fortement aidée malgré les baisses de prix en production, avec de nombreuses expériences d’économie collaborative, citoyenne... Or, le résultat est une catastrophe industrielle avec des restructurations sans fin, dont la fermeture annoncée de Silia sur l’ex-site Bosch de Vénissieux.
Fallait-il bloquer les panneaux chinois aux frontières ? La question du "protectionnisme" n’est pas abordée, sans doute parce qu’elle ne permettrait pas certaines signatures.
Peut-on vivre sans échanges ? dans l’autarcie ? aucun des signataires ne le soutient bien sûr, mais derrière la "territorialisation" se cache pourtant une illusion. [...]
On comprend mieux la limite de cette déclaration dans une formule qui la résume.
Ici réside le compromis fondamental entre le capital et le travail sans lequel aucun développement n’est possible. Remettons la finance à sa place
En quelque sorte, la contradiction principale qui mine notre société ne serait pas entre le capital et le travail, mais entre le capital et le travail réuni qui devrait donc passer un compromis, pour faire face à la finance.
Il n’est pas nécessaire d’être un grand lecteur de Marx pour comprendre que se cache derrière cette idée une grave erreur, voire pire... Nous savons que toute rupture politique supposera un compromis entre le travail et le capital. On ne construit pas le socialisme en un jour, et Lénine avec la NEP, comme les cubains à leur 6eme congrès, ont inventé des formes de compromis dans leur situation entre marché et plan, capital et travail. Mais l’erreur fondamentale est de penser que la finance ne fait pas partie du capital ! Au contraire, elle en est le cœur, la tête et les armes...
On peut s’interroger sur les objectifs conjoncturels de ce texte... donner un coup de main à Mondebourg dans sa primaire ? inviter des militants à aller voter pour lui ? Ce serait une action d’apprenti sorcier, qui pourrait se finir par conforter la concurrence Mondebourg Hamon en faveur... de Vals !
Décidément, il est urgent de faire grandir une bataille communiste pour un programme de rupture avec la mondialisation capitaliste qui pose la question du socialisme.
[...]
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L'industrie : un compromis entre capital et travail ?
Le constat de la désindustrialisation est net et le discours patronal qui promet toujours plus d'emploi en baissant le coût du travail est dénoncé. Cependant, le texte ne propose pas vraiment ...
http://lepcf.fr/L-industrie-un-compromis-entre-capital-et-travail
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