La primaire organisée par le parti socialiste, qu’elle soit appelée la « primaire de la gauche » ou la « primaire citoyenne » ou encore la « primaire de la belle alliance » a montré que des divergences importantes existaient entre les divers candidats sur la question du programme économique. Il faut d’ailleurs rappeler que cette « primaire » n’a pas le monopole des idées de gauche. Jean-Luc Mélenchon défend de son côté un programme assez cohérent dans le cadre du mouvement que l’on nomme « la France insoumise ». Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur Radio-Sputnik sur son programme dans une émission ultérieure durant le mois de février.
Le programme économique divise donc les candidats à la primaire socialiste. Une forte opposition sur la question de formes, même modérée de protectionnisme, a opposé Arnaud Montebourg, éliminé dimanche dernier aux autres candidats. Mais cette question du « produire en France » ou du protectionnisme, était bien un moyen de poser la question du chômage. Oh, bien sûr, tous les candidats déclarent vouloir faire baisser le nombre de chômeurs, dont on rappelle ici qu’il atteint les 4,5 millions de personnes. Mais, l’attitude sur ce point diffère entre un Benoît Hamon, dont on peut penser que le revenu universel s’enracine dans l’idée que le travail va sa raréfier dans les années à venir, et un Manuel Valls qui prétend au contraire défendre le rôle central de la valeur travail au sein de son travail. Mais, Manuel Valls, en tant que Premier-ministre, n’a guère eu de succès dans la lutte contre le chômage. Il faut aussi parler de la fameuse « loi travail », qui est au cœur des affrontements entre la gauche du PS et ce que l’on appelle la « gauche de gouvernement ». Enfin, ces programmes se sont aussi affrontés sur la dimension que chacun accorde à la transition énergétique et à l’écologie.
Notons qu’un problème économique clef aujourd’hui en France, l’écart de compétitivité avec l’Allemagne, qui a été estimé à plus de 20% par une étude du FMI, ne fut jamais abordé. Or, il est central pour comprendre les problèmes de la France aujourd’hui. Alors, dans ces conditions, quel programme peut prétendre dans ces conditions être réaliste, et quel programme va s’avérer être en fait idéaliste ?
C’est un problème clef car c’est bien sur ce point que se jouera l’affrontement entre Benoît Hamon et Manuel Valls dimanche prochain.
Pour répondre à ces questions, j’ai reçu vendredi 27 janvier Frank Dedieu, professeur à l’IPAG et délégué général de République Moderne, et Frédéric Farah, co-auteur d’une « Introduction inquiète à la Macron-économie ». Frédéric Farah estime, en observant les débats au sein de la primaire de la Belle Alliance, que « le parti socialiste ne veut pas rompre avec 83, le tournant de la rigueur et les choix européens qui ont été faits. » Frédéric Farah avoue être « très sceptique » face à la confrontation « Valls le réaliste » contre « Hamon l’idéaliste ». Car «l’écart de compétitivité, notre rapport à la monnaie unique, (et) les règles budgétaires» n’ont pas été abordés sérieusement lors de cette primaire. Pour Frank Dedieu, ce constat est partagé: «Le grand absent de cette primaire, c’est l’euro.» A l’exception d’Arnaud Montebourg plutôt protectionniste, « nos deux finalistes ont voulu rompre avec les conséquences de 83 mais ils ne veulent pas rompre avec les causes de 83 qui sont la rigueur et l’Europe… ».
Vous pouvez retrouver cette émissions sur : https://fr.sputniknews.com/radio_sapir/201701271029821070-primaire-socialiste-gauche/
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