Méfiez-vous des policiers en civil ...
Et des procureurs ... Celui de Lille convient qu'Antoine n'est pas un casseur mais requiert quand même 8 mois de prison dont 6 avec sursis et 6 mois de sursis à l'encontre de celui qui lui est venu en aide.
Publié le 10/06/2016 - Mis à jour le 10/06/2016 à 10:51
Par Chantal David - photos Pierre Le Masson
La rue devant le palais de justice est restée fermée à la circulation l’après-midi. Des militants CGT ont apporté ce jeudi leur soutien à Antoine C., 28 ans, jugé pour des violences contre deux policiers après la manifestation du 17 mai à Lille. Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis.
Sur les pelouses de l’avenue du Peuple-Belge à Lille, des drapeaux rouges siglés CGT et, devant l’entrée, un car diffusant de la musique. La mobilisation pour le jeune militant SEL CGT de Valenciennes a été imposante. Avec même une pétition en ligne signée par 350 personnes dont Philippe Martinez, Clémentine Autain, Olivier Besancenot ou le dessinateur Tardi.
Antoine C. n’aurait pas compris que l’homme qui lui sautait dessus était un policier
À l’audience, la procureure Aline Clérot balaiera toute tentative de faire dériver le procès : « On a voulu faire de ce dossier le dossier de l’exemple, prêter au tribunal des intentions politiques qui ne sont pas les siennes. On est dans un cadre judiciaire, ici on fait uniquement du droit. » Dans ce procès, Antoine C. prend toute la place mais à la barre, ils sont deux. François D., sûr de lui et arrogant a une personnalité très différente du jeune militant valenciennois à la silhouette d’enfant.
Le 17 mai, François D. était venu manifester par hasard. Lorsqu’il a vu deux policiers sur un manifestant, il a donné à l’un d’eux « un coup de pied de diversion pour détourner leur attention ». Ce manifestant, c’est Antoine C. qui a été plaqué au sol par trois policiers. Le voyant enfiler un casque et un masque, ils l’ont pris pour un casseur. Le jeune homme s’est débattu, un coup de poing a atteint un fonctionnaire à l’œil, Antoine C. affirme que le coup n’était pas volontaire et qu’il n’a pas compris que l’homme qui lui sautait dessus était un policier.
Il se voulait secouriste
Trois témoins cités par Me Florian Regley en défense viendront le dire : « Les policiers n’avaient pas de brassard. » Cette « absence de signe de défense » est l’angle de défense de l’avocat qui brossera par ailleurs le portrait d’un jeune homme engagé. Quelques instants auparavant la procureure Aline Clérot en avait convenu : « Antoine C. n’est pas un casseur. » Parfois jusqu’au malaise, le jeune homme répétera que dans la manif, il se voulait secouriste et qu’il a enfilé un casque pour se protéger. « Un casque intégral dans une manif, on est déjà à la limite de l’infraction », rétorque la procureure pour justifier l’intervention policière. Elle considère les violences constituées en soulignant : « Il confond tout car il est très engagé. » Et requiert huit mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve auxquels s’ajoutent deux mois de prison pour avoir refusé le prélèvement d’empreintes. Contre François D. six mois avec sursis mise à l’épreuve sont requis.
Le tribunal condamnera François D. à six mois avec sursis. Antoine C. est condamné à huit mois de prison avec sursis pour les violences et deux mois avec sursis pour le refus d’empreintes. Tous deux sont interdits de manifestation dans le Nord pendant deux ans.