Mis en ligne sur le blog d'Action Communiste le 11 juin 2016
Juncker conseillant F. Hollande avant la présentation du projet de loi Travail - "Moi ça fait 15 ans que j'ai changé les lois du travail en Allemagne. C'est vrai qu'avec la chute du Mur, c'était plus facile" dit A.Merkel " - "Nous sommes bien d'accord. La loi Travail est un minimum" dit Juncher à Moscovici - " Nous allons changer le rapport de forces en Europe" disaient les socialistes ...-
Au vu des inscriptions, la Seine-Maritime devrait dépasser les 5 000 participants dont plus de 4000 avec la CGT, près de 3000 venant du Havre.
Comment expliquer que Hollande tienne tête contre les salariés qui constitue la majorité de son électorat si ce n'est que les enjeux dépassent la France ?
Un conseil à Juncker : il devrait conseiller à Hollande de raccrocher car les yeux des salariés européens sont fixés sur les mobilisations en France et derrière Hollande, c'est lui. La Commission pourrait bien finir à 11 % aussi ... Car après tout, ce sont ses recommandations et celle de la Commission que Hollande-Valls-El Khomri-Macron appliquent sans états d'âme. Mais non, il s'accroche à ses contre-réformes du travail. On l'imagine avec Moscovici, derrière le rideau, comme dans les comédies de boulevard, soufflant à Hollande lors de ses interventions: « Tiens bon François, nous sommes avec toi. Ta responsabilité est grande. Si tu cèdes, c'est la politique européenne qui est remise en cause. Pense à Angela et au patronat européen. Et que diront les Grecs, les Belges, les Italiens, les Allemands et tous les peuples d'Europe de l'Est qui ont déjà dû renoncer à beaucoup d'avantages sociaux ? Tiens bon. Nous, on reste à Bruxelles. Mais souviens-toi, nous sommes ta base arrière. Tiens bon ». Car la crainte, la peur des eurocrates bruxellois, c'est la remise en cause fondamentale des dogmes européens : la « concurrence libre et non faussée », la libéralisation des échanges tous azimuts, les traités de libre échange (TAFTA avec les Etats-Unis, TISA sur les services, CETA avec le Canada). Et ces mobilisations en France, c'est la remise en cause, en actes, sinon dans les têtes, de ces politiques européennes et mondialistes imaginées pour mieux servir le capitalisme. C'est ça qui les fâche tous tellement.
Tellement fâchés que des socialistes en sont même prêts à saborder le PS. C'est dire si l'enjeu est d'importance. On espère quand même que le patronat européen aura une grosse récompense pour les fers de lance des tenants de la loi Travail : Hollande, Valls, Macron, El Khomri, sans oublier Laurent Berger. Un poste dans le prochain gouvernement de droite ou de seconde droite ? Ou bien un strapontin à Bruxelles ?
Mais les choses ne sont pas si simples et ce qui caractérise les élites, c'est l'arrogance et leur incapacité à comprendre le peuple et ce qui le fait bouger. Comment le pourraient-elles, enfermées dans leurs bureaux, leurs ghettos protégés, leurs sondages bidonnés, leurs élections truquées, et les médias qui leur servent la soupe ? Elus par une minorité, ils se sont persuadés être la majorité : comment pourraient-ils admettre que ce n'est pas le cas ?
Le PS avait décrété que la classe ouvrière était partie négligeable. Ses idéologues le lui prouvaient. Il a accepté ses suffrages en 2012 et l'a trahie, elle et les couches moyennes dès le lendemain de l'élection. Et il s'indigne de leur colère ?
Le puissant mouvement social qui se développe en France aujourd'hui peut les contraindre à reculer. Et il se développe encore car le ressentiment est grand. Certains journalistes avncent l'idée que les directions syndicales et en premier lieu la CGT sont dépassés. Mais c'est le propre des syndicats de semer pendant des années et d'être "dépassés" le moment venu de la révolte et des mobilisations. Et c'est tant mieux. Cela signifie que le mouvement d'aujourd'hui est un mouvement de masse. Nullement minoritaire.
Yvette Genestal
PS - Pour rappel et à utiliser largement pour savoir ce qui nous attend si nous n'inversons pas le rapport de forces : les recommandations du 18 mai dernier de la commission. En pleine bagarre contre la loi Travail. Elles seront très certainement approuvées par les chefs d'Etat réunis en conseil européen en juillet prochain. Toujours prêts pour le service des multinationales ! ! !
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