INITIATIVE COMMUNISTE s’entretient avec Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF. 26 juin 2016 ; Du BREXIT au « FREXIT » PROGRESSISTE, un mode d’emploi possible.
Initiative Communiste : Comment analyses-tu le « Brexit » et comment les progressistes français anti-UE peuvent-ils « rebondir » sur cet évènement ?
Georges Gastaud – Bien entendu, le Brexit n’est pas en lui-même un évènement révolutionnaire ; mais contrairement à ceux qui, en France, nous expliquent que rien ne sera jamais assez beau tant que la dictature du prolétariat ne nous aura pas été fournie sur un plateau, c’est un maître coup de pied au c.. du peuple britannique, spécialement des milieux populaires, aux « élites » européistes, à la City, qui était pour le « remain », à la majorité du parti tory et aussi à la direction travailliste qui a tellement laissé casser de choses en Angleterre que le « Labour » en est à considérer l’ultralibéralisme bruxellois comme un moindre mal !
En réalité, une masse d’ouvriers et de « petites gens » qui REFLECHISSENT et qui, contrairement à certains membres des « couches moyennes supérieures », sont habitués à faire leurs comptes au lieu d’admirer dans la glace leur belle image d’ « Européens-modèles », ont compris que l’UE est entièrement tournée contre leurs intérêts et aussi, tout bonnement, contre le droit élémentaire de chaque peuple à disposer de soi. Ces prolétaires britanniques que les euro-médias présentent odieusement comme des benêts, sont politiquement plus conscients que nombre de pseudo-marxistes français qui n’ont toujours pas compris que l’UE est irréformable du dedans. Honneur aussi aux communistes du CPB qui ont milité contre l’UE tout en dénonçant les xénophobes qui ont pollué la campagne. Mais si ces réactionnaires ont un impact de masse, ce n’est pas par la faute des militants progressistes qui ont milité pour la sortie britannique ; c’est parce que depuis trente ans, la bourgeoisie britannique – conservateurs et « New Labour » en tête – ont utilisé la « libre » circulation de la main-d’œuvre est-européenne (chassée de Pologne, de Bulgarie, etc. par la destruction de l’industrie socialiste) comme un moyen de dynamiter les ultimes acquis sociaux qu’avait laissé subsister le duo Thatcher-Blair ; et c’est aussi parce que la fausse gauche britannique a, comme partout, abandonné à la réaction, aux Johnson et autre Farage, la légitime défense du droit du peuple britannique à s’autodéterminer. Malgré une énorme campagne d’intimidation, le peuple travailleur anglais a réagi comme les Français en 2005 : en se cabrant contre le lavage de cerveau européiste !
En réalité, les plus « embêtés » aujourd’hui, et tant mieux, ce sont les milieux dirigeants du Labour qui n’auront désormais plus d’excuse pour imiter Tsipras en se déclarant impuissants à appliquer leur programme social. Désormais la classe ouvrière britannique va pouvoir régler ses comptes avec « sa » bourgeoisie et avec « sa » social-démocratie sans que les politiciens londoniens puissent ouvrir le parapluie bruxellois et alléguer leur « impuissance ». Bien entendu, toute une partie de la bourgeoisie « bréxiteuse » va chercher à aggraver le thatchérisme, mais pourquoi sous-estimer les ouvriers anglais, fondateurs du syndicalisme moderne, dont les traditions de classe ne sont pas éteintes ?
Peu avant le succès du Brexit, et alors que M. Pierre Laurent appelait sans honte les Britanniques à rester dans l’UE (on ne préside pas un « parti européen » impunément…), j’avais condamné cette ingérence et, si faible que puisse être mon appel à la contre-ingérence, j’avais publié une lettre intitulée « British people, pull out first ! » (MM. les Anglais, sortez les premiers !). Dans cette lettre aux amis britanniques, je disais mon espoir de voir les peuples du continent rejoindre les Anglais à l’extérieur de cette prison des peuples qu’est l’UE/OTAN. Non pas pour s’isoler les uns des autres mais pour flanquer à la poubelle la très totalitaire « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (cœur du Traité de Maastricht) et pour coopérer librement entre eux sur des projets d’intérêt commun, tout en s’ouvrant au monde entier qui comporte, rappelons-le, cinq continents (en réalité, le repli sur un continent, c’est l’UE !)…
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