Publié par El Diablo -
Semaine décisive pour notre mouvement : les travailleurs et la CGT de la chimie se sont courageusement engagés.
Mais s'ils sont un point d'appui considérable pour tous, ils ne peuvent rester isolés et il y va de la reponsabilité de tous les autres secteurs d'entrer à leur tour dans la grève pour contraindre le pouvoir socialiste au recul.
Un pouvoir affaibli et discrédité!
Les manoeuvres auxquelles il se livre à propos des camionneurs montrent que ce qu'il craint par dessus tout c'est la convergence effective des luttes et le blocage économique du pays.
C'EST DONC LE MOMENT D'Y ALLER !
Interview d’Eric Sellini,coordinateur CGT du groupe TOTAL
Les plus grosses raffineries de l’Hexagone sont en phase d’arrêt. La question, dit Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe TOTAL, ce n’est pas « la pénurie. On sait ce que nous ressortent les médias à longueur de journée ». La question, c’est comment gagner, et la grève des raffineries pourrait bien être « cet appel d’air pour que tout le monde se lance dans la bataille ».
Le gouvernement a pourtant mis ses menaces à exécution en ordonnant le déblocage de plusieurs dépôts de carburants, près de Rennes, Rouen et à Lorient. « C’est inquiétant, reconnaît Sellini. Mais pour les dépôts, c’est plus facile de casser les barrages quand à l’intérieur les gars ne sont pas en grève, dit Sellini, S’ils entraient dans le mouvement, ce serait différent. Sur le gros dépôt de Dunkerque, l’ancienne raffinerie des Flandres, qui a fermé en 2010, nos camarades ont arrêté le travail, et plus une goutte de produit ne rentre dans le pays par ce biais-là. C’est le cas également à Clermont. A Valenciennes, c’est des copains de l’UL qui tiennent les barrages, de l’extérieur ».
Le discours de Bernard Cazeneuve, à l’Intérieur, et d’Alain Vidalies, aux Transports, fait sourire Sellini. « Le gouvernement veut éviter l’emballement. C’est pour cela qu’ils se veulent rassurants sur la question du carburant. La question c’est combien de temps va durer cette stratégie. L’avantage, pour eux, c’est que la Zone Sud du pays n’est pas à l’arrêt, au niveau hydrocarbures. Ils disposent tout un système de pipelines qui pourrait faire remonter des produits vers le Nord, mais c’est très compliqué. Et après, une fois que c’est sur les dépôts, il faut pouvoir charger les camions, et ça c’est une autre affaire. C’est pour cela qu’ils sont en panique ».
Faire donner la gendarmerie contre les raffineurs ? « Ils ne se frotteront pas à nous. Les installations sont arrêtées ou en passe de s’arrêter à Donges, près de Saint-Nazaire, à Grandpuits, à Feyzin, à Marseille ou sur la raffinerie de Normandie. Quand les installations sont à l’arrêt, il n’y a pas grand-chose à faire, tant ça met de temps à être relancé. A moins qu’ils n’ordonnent de débloquer les stocks, mais il faudrait encore trouver des non-grévistes pour ouvrir les vannes. Ou qu’ils s’assoient sur le droit de grève ».
La réquisition, comme en 2010 ? Sellini n’y croit pas non plus, « bien qu’avec ce gouvernement, on va de surprises en mauvaises surprises. Mais en 2010 la tentative de réquisition avait été retoquée par l’Organisation Internationale du Travail, qui avait condamné la France. Je ne crois pas qu’ils essayent. Mais s’il doit y avoir de nouveaux coups de force, ce sera en direction des dépôts, plus petits, avec des salariés qui sont isolés, souvent. Et ils vont tenter là où il y a juste des barrages ».
Sellini sait que la bataille sera dure, « on est rentré dans la phase aigüe du conflit ». Mais qu’on ne lui avance pas l’argument selon lequel les raffineurs seraient irresponsables. « Pour les services publics, s’il faut débloquer des stocks pour les hôpitaux, bien sûr qu’on le fera. Mais c’est tout. C’est le gouvernement qui prend le pays à la gorge ».
Le moral est bon, dans les raffineries, « les gars sont déterminés. On a des salariés qui d’habitude ne font pas grève sur des problématiques internes à l’entreprise, mais qui là, sont dans le conflit. En décembre 2015, on avait envisagé un mouvement sur les salaires, mais ça n’avait pas pris. Ce coup-ci, en mai 2016, c’est complètement différent, avec la Loi Travail. Quand les salariés sentent que c’est leur vie qui est en danger, leur vie sociale, leur vie familiale, ça change tout ».
Mais si l’état d’esprit est à la lutte, « on ne va pas tenir si on est isolés », reconnaît Sellini, préoccupé, rappelant la façon dont le mouvement, en 2010, a abouti à une impasse. « Si on se retourne, la semaine prochaine, et qu’on voit qu’on est tout seul, ça va être compliqué. C’est super de voir sur les piquets des copains territoriaux ou des postiers qui viennent nous appuyer, mais l’enjeu, c’est que toutes les boites cessent le travail ».
L’exemple du Havre ou de Saint-Nazaire est parlant pour Sellini. « Au niveau interpro, au niveau de l’Intersyndicale, là-bas, ça marche bien. Le fait que les dockers soient de la partie, ça donne du baume au cœur, ça change la donne. Les copains tiennent bon. Mais si on prend Grandpuits, par exemple, il faut que les gars se sentent entourés. Il faut que la semaine prochaine ils sentent que le mouvement de grève prend, sur le département, sur toute la région parisienne en réalité. Dans les grandes entreprises et dans les administrations ».
Que dire, du coup, de l’appel de l’Intersyndicale à une nouvelle journée de grève le 26 mai et la suivante le 14 juin ? « Un rendez-vous hebdomadaire, ça ne me choque pas, dit Sellini. A condition que ce ne soit pas juste l’occasion de faire une belle manif et après tout le monde rentre chez soi, précise-t-il. Un rendez-vous hebdomadaire, ça doit permettre, après, de continuer à travailler dans les boites, à convaincre les collègues, et les mettre en grève. En revanche, sur la date du 14 juin, alors là, pour le coup, je dois avouer que je suis perplexe sur le timing ».
« J’ai l’impression d’être revenu en 2010, reconnaît Sellini, sceptique. En 2010, on avait des rendez-vous hebdomadaires. Dans ce cas-là, il faut que ce soit des points d’orgue dans la mobilisation, pour repartir de plus belle. Mais une grève trois semaines après, à l’époque, c’est ce qui avait permis de siffler la fin de la partie. Ce que je n’entends pas, sauf du côté de la CGT, c’est qu’il faut faire monter la sauce dans toutes les entreprises, qu’il faut y aller. C’est pourtant bien ça, la solution. Après le 26, il faudra qu’on fasse le bilan, chez les raffineurs, notamment. C’est là qu’on verra combien de monde on a réussi à entraîner dans la bataille, si ça monte. Mais je suis sûr que ça peut monter ! »
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