Amnésie européiste ?
Par Jean Lévy
dimanche 3 avril 2016, par Comité Valmy
Cela fait chaud au cœur : près d’un millier de jeunes étudiants et lycéens, pleins d’enthousiasme, réunis à Tolbiac, le soir du 30 mars 2016, contre la loi El Khomri, dite "loi travail".
Rassemblés, pour certains depuis le 9 mars, beaucoup de jeunes les ont rejoints à l’occasion des AG et des manif’s qui se succèdent, semaine après semaine, aux côtés des salariés en première ligne contre le projet de loi gouvernemental, socialement liberticide.
Ils se souviennent de la rude bataille gagnée en 2006 contre le CPE. Par leur multitude et leur détermination commune, travailleurs, lycéens et étudiants, ont alors imposé le retrait pur et simple de la loi, infligeant au gouvernement Chirac-De Villepin une défaite en rase campagne.
D’autres ne manquent pas d’évoquer mai 68, l’ambiance d’alors, les mots d’ordre libertaires écrits à la hâte et placardés dans les amphis, les libertés prises avec le sombre quotidien, des vacances pour l’esprit, un instant libéré.
Ce printemps 2006 va-t-il être un "remake" des souvenirs héroîques ?
Le climat qui règnait ce 30 mars à Tolbiac le laisserait penser.
Les mobilisations ouvrières et de jeunes qui se succèdent dans le pays depuis le 9 mars, plus puissantes, semaine après semaine, elles annoncent, pour les temps prochains, un climat de grande marée.
Mais, il ne faut pas se le cacher, la bataille qui s’annonce ne sera pas une promenade de santé.
Pour la gagner, faut-il encore mesurer les forces du capital qui se dressent contre notre peuple et qu’il faut battre. Et faire l’inventaire des moyens et la stratégie de ceux que nous combattons. Et pas seulement le gouvernement PS, mais aussi et surtout ses commanditaires.
Car Hollande, Valls et Macron ne sont que les fondés de pouvoir de l’oligarchie, les marionnettes du capital globalisé, comme l’étaient hier les Sarkozy, les Fillon, les Juppé. L’oligarchie, c’est le pouvoir qui détient à son profit les moyens de production et d’échange volés à la Nation, et qui s’est payé l’ensemble des grands médias au service de sa publicité.
Voilà qui se dressent face à nous et qu’il faut connaître.
Mais soyons plus précis. Depuis des décennies, il n’y a plus de capital strictement hexagonal. En France, le capital financier n’a pas de patrie. Pour sa survie, il s’est mondialisé. Et, en premier, européanisé. Car, par tradition, il se met sous la coupe du plus puissant, le capital allemand. Comme en 1940, il "collabore", comme fidèle second.
Pour générer des profits plus amples, ils ont mis en place ensemble un espace plus vaste que le territoire national : l’Union européenne. Plus de frontières, plus de douane, plus de droits à payer. Et une main d’œuvre robotisée au meilleur marché.
D’où les oukases bruxellois infligeant toujours plus d’austérité, des droits sociaux réduits à zéro. N’est-ce pas leur objectif en essorant le Code du Travail ?
Nous voici donc revenus au point de départ : la loi El Khomri !
Pour se mettre plus efficacement en ordre de bataille, n’aurait-il pas fallu à Tolbiac, l’autre soir, rappeler ces vérités, pas un instant abordées ?
Jean LEVY
Membre du bureau du Comité Valmy
31 mars 2016
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