http://www.vacarme.org/article2846.html
entretien réalisé par Sophie Wahnich
Lu sur le site AntiK
Entretien avec le fantôme de Maximilien Robespierre
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, le mot « guerre » est redevenu prononçable dans l’espace public. Pensez-vous que ce soit une bonne ou une mauvaise chose ?
Je suis adepte d’un langage de vérité, et il est difficile de cacher plus longtemps cet état de fait. La France fait effectivement la guerre à quantité d’organisations islamiques djihadistes, partout elle envoie des soldats, mais aussi des tueurs ou des drones pour accomplir des assassinats ciblés qui ne sont désormais inconnus que de ceux qui ne veulent pas savoir. Depuis ma condition de fantôme, je l’observe depuis un moment. On pourrait dire qu’enfin les Français prennent conscience qu’une guerre se mène en leur nom.
Cette méconnaissance vient à mon sens des institutions de votre Ve République. Elles donnent au président ce que nous, révolutionnaires français, avions réussi dès 1790 à ravir au roi. Ainsi le droit d’examiner si les motifs d’une guerre sont justes ne devait pas être attribué au roi/président/chef de l’exécutif mais à la nation souveraine. Je vous rappelle notre décret du 22 mai 1790 qui était loin d’être parfait mais affirmait malgré tout comme articles constitutionnels que « le droit de la paix et de la guerre appartient à la nation. La guerre ne pourra être décidée que par un décret de l’Assemblée nationale ; « Dans le cas d’hostilités imminentes ou commencées, d’un allié à soutenir, d’un droit à conserver par la force des armes, le roi sera tenu d’en donner sans aucun délai la notification au corps législatif et d’en faire connaître les causes et les motifs. » Et, ce qui me paraît le plus important, « sur cette notification, si le corps législatif juge que les hostilités commencées sont une agression coupable de la part des ministres, ou de quelque autre agent du pouvoir exécutif, l’auteur de cette agression sera poursuivi comme coupable de lèse-nation ; l’Assemblée nationale déclarant à cet effet que la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et qu’elle n’emploiera jamais sa force contre la liberté d’aucun peuple. » [1]
« Nous avions inventé un vrai contrôle du droit de paix et de guerre, pour ne pas laisser le pouvoir exécutif décider seul, et ainsi obliger à débattre de ces questions. »
[...]
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