Le gouvernement de gauche radicale du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, essuyait jeudi 12 novembre sa première grève générale, émaillée de quelques incidents, alors que les créanciers sont en ville pour discuter du versement de 2 milliards d'euros au pays.
Pas loin de 20.000 personnes défilaient dans Athènes à la mi-journée. [...]
Le mouvement, lancé pour 24 heures par les syndicats du pays, vise à protester notamment contre les hausses d'impôts et la réforme des retraites à venir et paralysait vendredi les administrations, les transports, y compris les vols intérieurs, annulés par dizaines.
"Nous luttons contre des mesures gouvernementales qui perpétuent des relations sociales dignes du Moyen Age", assurait le principal syndicat du privé GSEE.
Les hôpitaux pour leur part n'assuraient que les urgences, les musées et sites archéologiques étaient fermés et les journalistes étaient en grève également.
A Athènes, le premier à défiler était le PAME, proche du parti communiste (KKE). Le cortège rassemblait environ 10.000 personnes selon la police.
"Chaque secteur d'activité doit devenir une poche de résistance", a lancé le secrétaire général du Parti communiste, Dimitris Koutsoubas.
Venait ensuite la manifestation des syndicats, GSEE et Adedy (public), forte de plus de 2.000 personnes, précédée d'un cercueil portant la mention "auto-entrepreneurs, techniciens, artisans".
Puis un autre cortège rassemblant 4.000 personnes à l'appel des partis et mouvements de gauche suivait, dont étaient issus apparemment les jeunes gens incontrôlés.
Dans une des manifestations, les participants tenaient au bout d'une ficelle des ballons de baudruche sur lesquels on pouvait lire: "Ta logia tou Alexis", "les paroles d'Alexis" Tsipras.
Beaucoup de Grecs ont été dépités en effet du demi-tour effectué par le jeune dirigeant de gauche radicale ( qui avait finalement accepté un troisième plan d'austérité ) [...] Or, la grève générale se déroule précisément pendant une inspection à Athènes de représentants des créanciers du pays, Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Fonds européen de stabilité financière.
[...] il reste des points de friction, qui retardent le calendrier du versement d'une tranche de deux milliards d'euros. Le blocage concerne en particulier les saisies immobilières, au sujet desquelles Athènes est partisan de clémence, et le traitement des créances douteuses, qui plombent actuellement le bilan des banques du pays.
Le ministre de l'Economie, Georges Stathakis, s'est cependant montré confiant mercredi, déclarant "croire que tous ces problèmes seront résolus d'ici samedi".
Le gouvernement compte aussi réduire le montant des retraites dépassant les 1.500 euros par mois.
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Or la grève générale est soutenue par Syriza contre "les politiques anti-sociales, d'un néo-libéralisme extrême" menées par le gouvernement... Syriza. Un paradoxe très commenté sur les réseaux sociaux. "Je suis un peu perdu, là... On défile avec Alexis pour renverser Tsipras, ou avec Tsipras pour renverser Alexis?", se demandait un utilisateur de Twitter.
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(Avec AFP)