
Les élites du Sud-Est asiatique ont oublié les dizaines de millions d’Asiatiques assassinés par l’impérialisme occidental à la fin et après la Seconde Guerre mondiale. Elles ont oublié ce qui s’est passé dans le Nord – les bombes incendiaires sur Tokyo et Osaka, les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, la liquidation barbare de civils coréens par les forces états-uniennes. Mais elles ont aussi oublié leurs propres victimes – les centaines de milliers, en fait des millions de gens, qui ont été déchiquetés, brûlés par des armes chimiques ou liquidés directement – des hommes, des femmes et des enfants au Vietnam, au Cambodge, au Laos, en Indonésie, aux Philippines et au Timor oriental.
Tout est pardonné et tout est oublié.
Et une fois de plus, l’Empire pivote fièrement vers l’Asie ; il s’en vante même.
Cela va sans dire que l’Empire ne connaît ni la honte ni la décence. Il fanfaronne à propos de la démocratie et de la liberté, tandis qu’il ne prend même pas la peine de laver ses mains du sang de dizaines de millions de gens.
Partout en Asie, les populations privilégiées ont choisi de ne pas savoir, de ne pas se souvenir, ou même d’effacer tous les chapitres terribles de l’Histoire. Ceux qui insistent sur le souvenir sont réduits au silence, ridiculisés ou présentés comme à côté du sujet.
Une telle amnésie sélective, une telle générosité se retourneront très bientôt. Dans peu de temps, elle reviendra comme un boomerang. L’Histoire se répète. Elle le fait toujours, et en particulier l’histoire de la terreur occidentale et du colonialisme. Mais le prix ne sera pas payé par les élites moralement corrompues, par ces laquais de l’impérialisme occidental. Comme toujours, ce seront les pauvres d’Asie qui seront contraints de payer.
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