Trois opposants politiques à Robert Ménard, maire de Béziers, ont eu la désagréable surprise de recevoir en milieu de semaine une lettre d'insultes à connotation raciste, accompagnée de menaces de mort. Comme l'explique le quotidien régional Le Midi Libre, la missive a été envoyée au siège local du Parti communiste et désigne directement un élu municipal et deux responsables associatifs : Aimé Couquet, Linda Mendy-Hamdani et Mehdi Roland.
Ces derniers sont connus pour s'être ouvertement opposés à la politique du maire de Béziers, notamment sur la question des réfugiés syriens. Il avaient été pointés du doigt dans le journal municipal du 15 octobre, où ils avaient été qualifiés de "militants de la haine", rappelle de son côté Metronews.
"Utiliser politiquement cette histoire, c'est minable"
Envoyé le 21 octobre dernier, le courrier qui affiche en guise d'entête un dessin du Ku Klux Klan, n'est pas signé. Mais Aimé Couquet, élu communiste pense qu'il y a un lien direct entre son engagement et ces menaces : "Par ses propos et ses interventions musclées, le maire de Béziers crée dans notre ville un climat délétère, de suspicion et de dénonciation. Peut-être cela pèse-t-il dans le comportement de certains individus qui croient que tout est permis ? Ce n'est pas cela qui nous fera reculer dans notre résistance", a-t-il dit au quotidien régional, ajoutant qu'il ne porterait pas plainte. Mehdi Roland, lui, étudie cette possibilité.
En face, le maire de Béziers a condamné ce geste, commis par "un abruti". "Mais utiliser politiquement cette histoire, c'est minable, a-t-il également réagi. Je ne rends personne responsable des graffitis me visant. Aimé Couquet a une attitude minable. Si ces faits sont graves, on commence par porter plainte avant de prévenir la presse".
Le Journal de Béziers, désormais célèbre nationalement depuis sa Une sur les réfugiés, est aujourd'hui plus que jamais l'expression de l'extrême-droite la plus dangereuse et réactionnaire de France, directement organisée par le cabinet du Maire. Loin d'être un bulletin d'information municipal, il porte la voix d'un Maire, de ses adjoints et de ses collaborateurs issus des groupuscules identitaires, catholiques intégristes, nationalistes, nostalgériques et avant tout bourgeois. Du haut de leurs appartements des beaux quartiers de la ville, ils y déversent le poison de la division, du repli sur soi et leur haine de l'étranger et du pauvre à destination d'une population municipale où la précarité, le chômage et la misère ne cessent de grimper.
Dans ce journal la barrière du pire est constamment franchie. Le dernier en date au moment où ces lignes sont écrites, celui du 15 octobre 2015, atteint des sommets qui n'avaient jusqu'alors été atteints que par quelques obscurs magazines d'extrême-droite tel Minute. Le « dossier » spécial sur les opposants à Robert Ménard, long de 5 pages à la violence inouïe, est une mise au pilori de militants associatifs dont le crime principal reste de s'opposer comme des centaines de biterrois à l'action du Maire.
A l'aide de photos, de copies d'écran et d'extraits partiaux de leurs publications sur les réseaux sociaux, il se prête à tous les amalgames pour tenter à la fois de décrédibiliser leur action et de diviser la colère populaire qui monte à Béziers comme dans tout le pays. Pire, il cible nominalement ces 3 militants et les dirigeants locaux et nationaux du PCF au travers d'un véritable appel à la haine, une véritable opération de fichage des opposants digne des pratiques de la CIA. Robert Ménard a décidément été à bonne école !
Qu'est-ce que Robert Ménard ne peut supporter chez ces militants, avec lesquels nous nous retrouvons dans certaines actions politiques :
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S'opposer à sa politique. Ménard en bon autocrate ne tolère pas que de nombreuses manifestations aient déjà eu lieu contre son action, rassemblant une large et diverse représentation de la classe populaire de la ville.
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Militer contre les politiques impérialistes, racistes et meurtrières de l'État d'Israël. En colportant les arguments de la bourgeoisie pour qui la solidarité internationale est de l'antisémitisme.
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Militer contre l'islamophobie. Ménard s'assoit régulièrement sur les principes de laïcité (crèche, messe de la Féria) dont le premier est la neutralité religieuse de l'État et ses collectivités dans le respect de toutes les croyances.
Depuis qu'il est élu, Robert Ménard aura donc montré un large panel de ses capacités à diviser la population biterroise. Pendant que les médias sont focalisés sur ses provocations, son incapacité à endiguer la montée de la précarité dans notre ville passe presque inaperçue. C'est la mise en pratique des politiques prônées par la famille millionnaire Le Pen, trouver des boucs émissaires à la crise du capitalisme, diviser la population exploitée pour assurer dans la destruction sociale et sociétale la pérennité d'un système basé sur les inégalités et l'exploitation.
Il aime assommer de chiffres, souvent mensongers ou tronqués, les biterrois dans le JDB. Pourtant, deux statistiques, tirées de l'INSEE, n'ont jamais été citées dans les pages du journal. Plus de 22% de la population active de la ville est au chômage (moyenne nationale 9,7%), plus de 39% chez les jeunes (moyenne nationale 20,3%). 32% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, 1/3 de la population ! Voici donc la réalité biterroise, celle que les exécutant locaux de l'extrême-droite refusent de voir et de prendre en compte, confortablement installés dans les beaux quartiers !
L'extrême-droite, le FN, est plus que jamais la solution pour les riches de maintenir leur mainmise sur la société. Pendant longtemps ils pensaient avoir gagné la bataille idéologique, ils pensaient que le recours au fascisme servirait de bouclier en temps de crise. Une chemise déchirée, quelques mobilisations populaires ont récemment prouvé que la conscience de classe et la solidarité n'ont pas disparu. Travaillons à les renforcer, pour notre avenir, pour poser les bases d'une société meilleure.
Nicolas Cossange
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