
Des milliers d’Allemands ont manifesté contre la conférence de sécurité à Munich, contre la confrontation avec la Russie et contre la livraison d’armes au gouvernement de Kiev. (Photo Sven Hoppe/dpa-Bildfunk)
Comment traiter la situation en Ukraine ? La question sème la discorde parmi les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Les Européens veulent des négociations, mais les Etats-Unis, eux, veulent livrer des armes à Kiev. Par ailleurs, selon certaines sources à l’Otan, il serait impossible de battre les rebelles…
Durant le sommet qui se tiendra ce mercredi 11 février à Minsk, la Russie, l’Ukraine, la France et l’Allemagne vont poursuivre la discussion pour tenter de trouver une solution politique au conflit ukrainien. C’est ce qu’ont annoncé les quatre pays concernés ce dimanche 8 février. Cette nouvelle manche de négociations est le seul résultat visible de la visite du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel à Moscou.
Lors de la conférence de sécurité qui vient d’avoir lieu à Munich (du 6 au 8 février inclus), il est toutefois devenu évident que non seulement le fossé est très profond entre l’Otan et la Russie, mais qu’il existe aussi une importante division au sein même de l’alliance occidentale.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov reproche aux Etats-Unis et à leurs alliés de s’être comportés pendant 25 ans en vainqueurs de la Guerre froide et d’avoir sans cesse abusé la Russie. Lavrov a fait état des plans américains pour les bases de missiles en Pologne, la construction de drones qui peuvent être munis d’armes atomiques, l’élargissement de l’Otan vers l’Est et l’ingérence en Ukraine. Pour Lavrov, l’Occident se doit maintenant de décider si il veut une architecture de sécurité, sans ou contre la Russie.
C’est précisément sur cette dernière question que les membres prééminents de l’Otan se disputent. Durant la conférence à Munich, Merkel s’est exprimée contre la livraison d’armes par les Etats-Unis à l’Ukraine, argumentant que ce n’est pas cela qui amènerait le président russe à modifier sa politique en Ukraine. Telle est l’amère réalité, a déclaré Merkel. Dans une interview à la télévision allemande, l’Américain John McCain, ancien candidat à la présidence des Etats-Unis et actuel sénateur républicain, a carrément qualifié le point de vue de Merkel de « fou ».
Dans son édition online, le journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung cite des fonctionnaires de l’Otan qui affirment qu’une victoire militaire du gouvernement de Kiev sur les rebelles du Donbass (dans l’Est de l’Ukraine) serait impossible pour un « coût acceptable ». Les « républiques populaires » de Donetsk en Lougansk disposent entre-temps d’une des forces de combat des plus modernes de la région : avec leurs missiles de défense russes du type S-400, ils ne sont plus vulnérables aux attaques aériennes. A cela vient s’ajouter le fait que leurs troupes sont bien plus fortement motivées que les troupes de l’armée ukrainienne. Ce que confirme le think-tank américain Stratfor, qui évoque un mauvais moral et un médiocre degré de recrutement des troupes ukrainiennes. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung cite des sources des services de renseignement allemands qui estiment que le nombre de victimes des combats dans la région du Donbass tournerait en réalité autour de 50.000 personnes, un chiffre dix fois plus élevé que celui des Nations unies. A la conférence à Munich, le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré avoir jusqu’à présent perdu jusqu’à 1.400 soldats dans ces combats.
Une autre intervention de Porochenko a fait rire même dans les médias occidentaux. Le président ukrainien a en effet brandi une poignée de cartes d’identité russes qui, selon ses dires, avaient été prises à des soldats russes. Or on peut se procurer de tels documents à peu près partout. En outre, des experts font même remarquer que, si ces papiers étaient authentiques, cela ne voudrait encore rien dire, puisque les soldats russes doivent remettre tous leurs papiers d’identité civils lors de leur entrée dans l’armée. Celui qui se trouve donc avec de tels papiers en Ukraine n’est donc pas en service dans l’armée russe.
Lu sur Solidarité, le site du PTB